Les jardins d'Hélène

Je reviens de mourir - Antoine Dole

29 Avril 2008, 13:41pm

Publié par Laure

Quand Marion débarque à Paris, elle se laisse séduire par le premier garçon venu dans un café. Très vite, Marion aime Nicolas, qui lui la bat, la prostitue, et au final la viole. Mais par amour pour lui, elle accepte tout.

En parallèle, Eve consomme des hommes alpagués sur Internet, pour ne surtout pas s’attacher. Jusqu’au jour où elle rencontre David, qui pourrait bien tout faire changer ? Bien évidemment, les deux histoires vont se rejoindre. 

J’ai lu ce livre parce qu’il fait polémique. Ma libraire a d’abord refusé de me le vendre, c’est dire ! Enfin ça ne s’est pas passé tout à fait comme cela. Je lui demandais si elle avait ce livre, elle me répondait qu’elle ne l’avait pas en stock, mais que bien sûr elle pouvait me le commander. Et la discussion a démarré là : publié dans la collection eXprim de l’éditeur Jeunesse Sarbacane, il est, si l’on en croit la collection, destiné aux 15-20 ans. Ma libraire m’explique qu’elle ne comprend pas ce que ce roman fait en jeunesse, violent, cru, pornographique sont ses propres mots. Elle me propose de me prêter son exemplaire de Service de Presse, pour que je puisse le lire, et décider ensuite de l’acheter ou non pour ma section ados à la bibliothèque. Mais elle a déjà prêté cet exemplaire à une collègue, aussi pour diverses raisons administratives, je prends ce livre chez le libraire généraliste voisin, sans attendre.

Et je le lis. Et je le fais lire autour de moi. Et l’on discute, avec des lecteurs adultes, des collègues, documentalistes, libraires… Ce livre pose un sacré problème aux bibliothécaires. Impossible de le mettre en ados, rayon accessible dès 12 ans. Le mettre en adultes ? C’est une collection jeunesse, les adultes n’y verront que du feu ? Mettre en tous les cas une restriction de prêt au niveau informatique : interdit aux moins de 16 ans ? Ou moins de 18 ? Jusqu’où engageons-nous notre responsabilité si un parent venait à se plaindre que l’on ait prêté ce livre à son enfant mineur ?

Ce livre est dur, sans espoir, violent, et pourtant pas si mal fait. Et parle aussi d’une réalité, peut-être pas si fréquente, mais qui existe. Mais est-ce vraiment à donner à lire à des adolescents ? Je fais finalement le choix de le basculer en section adultes et de l’interdire aux moins de 16 ans (sans mention apparente sur le livre, au niveau informatique uniquement). Je ne suis pas certaine que ce livre trouve sa place, du moins son lecteur.
Toujours est-il que si j’avais accepté la proposition de ma libraire jeunesse, je ne l’aurais effectivement pas acheté après lecture pour la bibliothèque. 

voir l’article de Blandine Longre sur sitartmag qui propose également d’autres liens : http://www.sitartmag.com/adole.htm 


à voir également cet article de Claude André sur le site de Citrouille qui aborde la loi de 1949 et ces nouvelles collections dont ce livre.
 


Sarbacane, coll. EXprim, 2008, 135 pages, prix : 8,50 €

Ma note : 3/5
Crédit photo couverture : éd. Sarbacane.

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A
<br /> <br /> J'ai lu ce livre il y a quelques temps (j'ai 15 ans, mais je crois que j'en avais 14 à l'époque! Certes il est dur, violent, etc...mais je l'ai bien aimé quand même. Quand ma mère a vu qua je<br /> lisais ça, elle n'était pas ravie...Mais je m'en moquais un peu.<br /> <br /> <br /> Il y a un mini reportage sur Julia Kino (auteur de "Adieu la chair" et de "Stiletto", également publiée dans la collection exprim') où elle dit qu'un livre, n'est pas "violent", il parle juste de<br /> la réalité.<br /> <br /> <br /> Et dans "Je reviens de mourir", c'est une réalité, même si elle n'est pas belle...<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> houlà, ma lecture de ce livre remonte à plus de 2 ans, et c'est vrai que ça avait fait du bruit à l'époque. Je suis d'accord avec vous (toi ?) sur le fait que ce<br /> livre décrit une réalité, qui n'est pas belle, mais qui existe. Le problème n'est pas tant le livre que dans la mise à disposition en bibliothèque à un public jeune, et alors quel âge ? On n'a<br /> pas la même maturité à 14 ans qu'à 12 ans, il ne faut pas occulter la violence de la société, elle existe, c'est bien de la retrouver dans les livres. Mais prêter à un enfant de 12 ans un livre<br /> qui n'ouvre sur aucun espoir et qui contient des scènes de sexe de cette nature (qui ne sont pas le quotidien de tout un chacun non plus !), il en va aussi de notre responsabilité. Oui le viol<br /> existe, oui la prostitution existe, oui le suicide existe, mais est-on assez mature à 12 ans pour recevoir ce texte en pleine face ?  je crois que c'est un livre que les jeunes (plus<br /> âgés)se conseillent entre eux et c'est bien aussi !<br /> <br /> <br /> <br />
T
ENTIÈREMENT d'accord à Fred : OUI, il est plus que temps de voir arriver en librairie de nouveaux rayons qui, au-delà même de la simple catégorie par âge type "young adult", regrouperont toutes formes de propositions romanesques innovantes, audacieuses, urbaines, etc.C'est tout de même l'un des sens du mot jeunesse : l'énergie, l'envie de découvrir, la curiosité !...... tout cela restant donc bien loin de toute considération morale. Ne trouvez-vous pas dommage de lire des choses comme "bien fait MAIS violent" ???? Depuis quand ces deux termes s'opposent-ils ?
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B
Laure, je ne comprends plus : dans un comm précédent, vous disiez être d'accord sur le fait que l'on peut tout lire à 14 ans... et vous dites maintenant que vous ne conseilleriez pas le roman en question à des moins de 16 ans ? (toujours à cause des réactions possibles des parents ?)Je suis plutôt d'accord avec Caroline (dont je comprends l'exaspération, face à des arguments qui tiennent assurément de la morale) sur les effets cathartiques de la littérature qui ne sont plus à prouver... voire entre autres http://blongre.hautetfort.com/archive/2007/12/11/litterature-pour-ados.htmlEt d'accord avec Fred sur l'idée de "censure passive"... interdit au moins de 16 ans ?? Alors qu'à 16 ans, la plupart des jeunes sont lycéens, parfois confrontés à des oeuvres littéraires beaucoup plus sombres et violentes encore (que ce soit certaines tragédies sanglantes ou des textes d’Agrippa d'Aubigné... pour rester dans les classiques – sans parler des contes… où cruauté, viol, dévoration ou inceste se côtoient allègrement). <br /> Quant aux ados (« les ados d'hier ne sont plus ceux d'aujourd'hui »), je n’en suis pas si sûre… je revoie l’ado que j’étais et observe ceux d’aujourd’hui…. et je n’ai pas l’impression d’avoir été bien différente. À moins que le surprotectionnisme dont les adultes d'aujourd'hui essaient de les entourer (en matière de lecture dans le cas qui nous concerne) n’ait quelques effets néfastes sur le long terme. Pour ma part, je préfèrerais que les ados lisent du Sade ou du Anaïs Nin (ou encore du A. Dole !) plutôt que de se gaver d’images pornographiques vides de sens.
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L
<br /> "Laure, je ne comprends plus : dans un comm précédent, vous disiez être d'accord sur le<br /> fait que l'on peut tout lire à 14 ans... et vous dites maintenant que vous ne conseilleriez pas le roman en question à des moins de 16 ans ? (toujours à cause des réactions possibles des<br /> parents ?)"<br /> <br /> oui.<br /> Quant au commentaire de Caroline, je le trouvais agressif : parleriez-vous comme cela aux gens que vous avez devant vous  ? ou est-ce le net qui permet de se<br /> lâcher et de tout renvoyer à l'agressivité facile ?<br /> On n'est pas d'accord, c'est un débat, mais pas une raison pour engueuler les gens de façon péremptoire. Et de ça je n'en peux plus. C'est le revers vraiment pénible des blogs et autres forums.<br /> Quand ce ne sont pas les trolls qui s'en mêlent. <br /> <br /> <br />
F
Toute la problématique revient à arrêter ce fonctionnement arriéré dans les rayons jeunesse de tout balancer en vrac sous la houlette "jeunesse", et de proposer des rayons intermédiaires, comme c'est déjà le cas dans de nombreux pays : des rayons grands ados (>16ans) et/ou jeunes adultes. Je suis d'accord sur le fait que ce livre n'a sans doute pas sa place à côté d'un "Mimi cracra et le petit escargot", mais ce n'est ni le boulot de l'éditeur ni celui de l'auteur d'aller le ranger sur une étagère appropriée où l'ouvrage pourra vivre sa vie sur un pied d'égalité avec les autres livres. C'est au librairie de faire vivre l'objet livre, au delà de ses propres considérations personnelles, du mieux possible. Le bazarder dans un coin de la librairie, en ne lui laissant pas la place de rencontrer un lecteur, en n'en parlant pas, ou en ne le proposant pas, revient à un système de censure passive et donne un exemple bien moche "à la française" de l'approche des nouvelles donnes culturelles (les ados d'hier ne sont plus ceux d'aujourd'hui). Dans une société comme la nôtre, une offre est rarement là sans une demande, aux libraires de s'adapter en proposant des nouvelles classifications où faire vivre une littérature jeunesse exigeante sur le fond ou la forme, type "grands ados", d'une façon cohérente et professionnelle.
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L
<br /> des rayons grands ados ou jeunes adultes (16-25 en gros) me semble en effet une bonne solution. Je remarque que de plus en plus de libraires le font. Du moins quand<br /> matériellement (réaménagement des espaces, mobilier, etc.) ils le peuvent.<br /> Nous en sommes parfois à la traîne en bibliothèque. Mais nous avons un espace ado (disons 12-18 ou 20 ans), ce qui n'est pas le cas de bien des bibliothèques qui sont encore au duel jeunesse /<br /> adultes. Peut-être devrions-nous en effet réfléchir à davantage de segmentation encore, même si l'espace (réduit en surface) ne facilite pas les choses.<br /> De toute façon cela ne nous empêche jamais de conseiller un livre quand nous pensons avoir en face de nous le "bon" lecteur, celui auquel nous pensons que le livre plaira. Et beaucoup de lecteurs<br /> font leurs choix seuls, c'est leur droit aussi, encore heureux !<br /> Mais qu'on arrête de nous traiter de censeurs simplement parce qu'on se pose des questions sur comment faire notre métier au mieux, et concernant ce livre en particulier, où le ranger pour qu'il<br /> trouve son public.<br /> Pour le moment, présenté sur chevalets en nouveautés au rayon adultes, il est tout le temps en prêt (rentre, ressort illico), ce qui est plutôt une bonne nouvelle, car au moins, il est lu.<br /> <br /> <br />
C
Chère Laure, je vous laisse responsable de tels propos... Nous parlions littérature et adolescents n'est-ce pas?
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L
<br /> Que voulez-vous que je vous réponde... la pratique nous montre qu'aujourd'hui, les jeunes sont ados dès 12 ans (et préa-ados entre 10-12), et quand on tente de dire<br /> que 12 ans, c'est un peu jeune pour lire ce roman d'Antoine Dole, on se fait tomber dessus pour censure.<br /> Donc très bien, que chacun lise ce qu'il veut (là-dessus j'ai toujours été d'accord) et que chaque adulte prenne ses responsabilités en son âme et conscience. J'assume les miennes pour penser<br /> qu'avant 16 ans, je ne conseillerai pas ce livre.<br /> <br /> <br />
C
Bonjour, je suis interloquée par l'attitude réactionnaire de pas mal de prescripteur-trices-s. Pornographie, interdiction, brutalité... Savez-vous de quoi vous parlez? Et la littérature, la poésie, l'émotion qui émanent de ce fort joli roman? Je suis prescriptrice également, et parfois j'avoue en avoir honte, surtout qd je lis autant de commentaires, mes chères collègues, emprunts de censure moralisatrice... Vous craignez donc que nos lecteur-trice-s adolescent-e-s se prostituent ou se suicident (ou pire les 2) aprés la lecture de ce roman? Et si au contraire, en s'identifiant à l'héroïne, ils ressentaient une forte envie de vivre et relativisaient leurs problèmes au regard de sa terrible souffrance? Laissons les adolescents libres de lire des romans qui parlent de sexualité transgressive, vous les prenez donc pour des enfants de coeurs? ! Dernière chose, pour les plus puritaines d'entre vous, je vous conseille l'excellent et déjà quelque peu ancien, Lady ma vie de chienne de Melvin Burgess, qui, il y a qques années, une de vos consoeurs libraires avait refusé de me vendre sous prétexte de son caractère "hautement pornographique"... Ne changez pas, vous êtes parfaites!
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L
<br /> Contrairement à vous, chère Caroline, nous avons nous les moralisatrices, fait l'effort de rester aimables. La question initiale était de mettre ou non ce livre dans<br /> un rayon accessible aux enfants dès 12 ans. Mais vous avez raison, peut-être qu'on peut le proposer dès 6-7 ans, dès qu'ils savent lire en fait. Z'avez raison, y a pas d'âge pour savoir ce qu'est<br /> le viol.<br /> <br /> <br />
B
Merci, Laure, pour toutes ces précisions ! La « prescription », dans ce cas, concernerait davantage les parents que leurs enfants… ce qui est regrettable, même si, dans un sens, je comprends votre position (en passant : + 18 ans me semble un peu exagéré pour Fraise et chocolat… Quant à Titeuf, je suis d’accord – à 7 ans… certains albums sont un peu limite, vu les thèmes abordés qui concernent davantage des pré-ados… Pour ce qui est de Top Santé... je n'ai pas d'avis tranché sur la question :-D )
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L
<br /> Blandine : vous avez réussi à pointer exactement ce autour de quoi je tourne depuis le début sans réussir à l'exprimer clairement : je fais toujours confiance aux<br /> jeunes pour être seuls jusge de leurs lectures, mais je dois aussi me prémunir des remontrances de parents outragés : s'ils les laissent choisir seuls leur lecture, ils ont souvent un regard dessus<br /> après, à la maison (en un sens, c'est bien de leur part de s'y intéresser), mais ils reportent sur nous, médiateurs, la caution de ce que peuvent ou ne peuvent pas lire, selon leurs critères à eux,<br /> leurs enfants. Exemple : si le livre les choque eux (et non leur enfant), c'est sur moi que retombe la faute : ils m'ont fait confiance sur le fonds que je propose, et comment leur dire que la<br /> production jeunesse est immense, que chacun est différent, dans ses goûts, sensibilité, etc.<br />  Pour les Titeuf, oui, c'était du temps où passait à la télé une adaptation plus édulcorée je crois de la série. Les enfants nous les réclamaient alors. Aujourd'hui encore, Titeuf est emprunté<br /> essentiellement par des moins de 10 ans, je dirais même des 7-9. Au-delà, ça ne les intéresse plus !<br /> <br /> <br />
S
et bien, ça me rend curieuse tous ces commentaires et ces questionnements.. je lirai peut-être!
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B
"Le lecteur adulte lambda qui entre dans une librairie généraliste va-t-il voir ce qui se vend dans la section "grands ados" s'il n'est pas enseignant, animateur, travaillant dans les métiers du livre, parent d'enfants de cet âge ?"Oui, il y en a plus qu'on ne croit ! (et j'en connais...) Dans le même temps, je crois que ces ouvrages mériteraient d'être placés dans les deux catégories (la collection Exprim n'indique pas la loi de 49, justement...) Et que ce soit en bibliothèque ou en librairie, stipuler "interdit aux moins de 16 ans" sur un livre revient à dire "emprunte-moi !" (ou trouve-moi par un autre biais) au lecteur de moins de 16 ans...Nombre de livres en collection "grands ados" sont des romans tout court (parfois écrit pour un public adulte - comme La disparition d'A. Cayne de G. Galloway, publié en adulte aux USA et chez Wiz d'A. Michel jeunesse en France - idem pour des Mark Haddon, etc.), après, c'est un choix éditorial (dont l'auteur n'est nullement responsable). Mais la collection Exprim' se situe justement en marge car tout en étant publiée par un éditeur jeunesse, elle se démarque par la large cible visée (des ados à la vieillesse...) - d'où la difficulté éventuelle, je le conçois, pour les bibliothécaires ou autres prescripteurs. Quant aux indications d’âge, il faut savoir s’en affranchir - il me semble qu’à partir de 13-14 ans, tout peut se lire… quand j’avais cet âge, il n’existait pas de collection pour ados/grands ados… et on lisait, pourtant. De tout. Et tout ce qui nous tombait sous la main ou ce qu’on avait la curiosité d’aller découvrir si on était bon lecteur.
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L
<br /> Et bien Blandine votre message me remonte sacrément le moral, parce qu'à part mes copines blogueuses qui dévorent 300 titres par an dans tous les genres toutes<br /> catégories, je croyais bêtement que le lecteur lambda :<br /> 1) ne fréquentait guère les librairies, tout au plus le rayon de l'hypermarché du coin pour trouver sa dose de Cornwell/ Higgins Clark et nouveautés en poche<br /> 2) en librairie cherchait des choses précises ou écoutait les bons conseils de son libraire, ou furetait au hasard des tables mais pas au rayon ados. Donc si vous me dites qu'il fréquente aussi le<br /> rayon ados, j'en suis vraiment ravie ! (parce que j'aime qu'on lise de tout, des choses faciles ou pas, des livres dits adultes ou ados ou enfants, etc.)<br /> <br /> Etiqueter sur un livre "interdit aux moins de 16 ans" est effectivement la meilleure façon d'attirer les moins de 16 ans : je ne suis pas encore idiote à ce point-là ;-)) Non, juste une mise en<br /> garde au niveau informatique sur le seul poste de prêt, davantage destinée à la personne qui assurera le prêt s'il était emprunté par un jeune de 12 ans. (l'info n'est pas visible par le<br /> public)<br /> <br /> Peut-on tout lire à 14 ans ? Je crois que oui... (j'ai un fils de 13 ans et demi) et je devais pas être bcp plus vieille quand j'ai piqué Histoire d'O dans la bibli maternelle. En fait mon<br /> inquiétude n'est pas tellement dans le jeune qui lira ce livre, mais dans la réaction parentale si le père ou la mère y jette un oeil et le lit. Souvenez-vous, collègues bibliothécaires, de tous<br /> les pb qu'on a eu avec les BD Titeuf au départ ! Les gamins se jetaient dessus dès 7 ans et les parents revenaient scandalisés : je ne veux pas que mon gamin lise ça !<br /> <br /> Un autre exemple : j'avais jusqu'à présent un seul titre interdit aux moins de 18 ans à la bibli (mais pas affiché sur le livre hein !!), (la plupart de mes collègues ont fait pareil ailleurs)<br />  il s'agit des BD Fraise et Chocolat d'Aurita. Et bien lors d'un accueil de classe de 6ème récemment, une petite de 11 ans a fourni tous ses camarades mâles en leur dégotant cette BD<br /> qu'elle savait très bien où trouver au rayon BD adultes! Ah le plaisir de l'interdit ! Et ça gloussait dans un petit coin reculé de la bibli. Mais il n'y avait pas le côté : je rapporte le<br /> livre à la maison et maman voit ce que je lis ! (et fait un scandale auprès de la bibliothécaire qui en a déjà marre de se faire engueuler 20 fois par jour parce que la consolante et le dernier<br /> musso sont toujours empruntés - ou que le dernier Top Santé n'est pas intéressant (authentique !)<br /> <br /> <br /> <br />
B
Bonjour Laure. Puisque vous indiquez mon article en lien, je me permets d'intervenir ! <br /> Je comprends le souci des bibliothécaires ou des libraires confrontés à des ouvrages qui, apparemment, ne rentrent pas dans des "cases" toutes faites. Il est vrai aussi que je ne conseillerais pas ce roman à un lecteur de 12 ans (qui risque de ne pas comprendre l'intrigue, de toute façon, assez retorse) - mais peut-être à de bon lecteur à partir de 14 ans, c'est certain (plutôt que de l’interdire… on sait ce que l’interdit entraîne). De mon côté, j'ai souvenir d'avoir lu Moi, Christiane F. à 12 ans (ce devait être en 1982-83 - sans passer par un adulte "prescripteur") et de l'avoir aimé (sans en avoir été traumatisée :-) même s'il donnait à réfléchir et pouvait frapper par sa crudité). Je pense aussi qu'on ne peut s'arrêter, en ce qui concerne le bouquin d'Antoine Dole, au caractère soi-disant "pornographique" (savez-vous ce qu’est la pornographie, vraiment ?) ou brutal de certains passages : la poésie qui en émane ne peut laisser indifférent et à ce titre, il est fort dommage de le réduire à sa "thématique" (là encore, ce n'est pas forcément la "thématique" qui compte, mais son traitement littéraire...)Quant à la collection, que je pense bien connaître (l'une de mes traductions vient d'y paraître), on ne peut la réduire à une collection pour ados entre 15 et 20 ans : Exprim publie des romans tout court, qui certes ciblent les ados, mais aussi tous les lecteurs au-delà. Une collection assurément inclassable, ce qui fait son originalité.Désolée d'avoir été un peu longue, mais au vu de certaines réactions à l'emporte-pièce que j'ai pu lire ici ou là (de la part de "prescripteurs"), je trouve important de défendre ce roman (et la collection à laquelle il appartient). <br /> En revanche, qu’un libraire refuse de le vendre et accepte éventuellement de le commander du bout des lèvres… on appelle cela de la censure, me semble-t-il…  
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L
<br /> Merci d'être intervenue Blandine,<br /> à vrai dire je n'ai toujours pas réglé la question, je l'ai mis en nouveautés adultes, où il a été emprunté aussitôt, je verrai bien si on m'en dit qqch ou pas (dans nos petites bibliothèques de<br /> campagne, on connaît bien les lecteurs, la plupart échangent autour de leurs lectures spontanément !)<br /> Et puis il est toujours difficile d'essayer de penser à la place d'un jeune de 14 ou 16 ans quand on n'a plus soi-même cet âge-là... (sans pour autant être un dinosaure, tout change)<br /> <br /> Je suis un peu plus en retrait sur cet argument, qu'il vienne des auteurs ou des éditeurs : on écrit pour des lecteurs, on publie des romans tout court, on ne se préoccupe pas de l'âge. C'est un<br /> peu facile ! Car pourquoi créer derrière des éléments de rangement (purement marketing ?) avec des collections ados, des collections 6-9, 0-2, etc. si c'est pour après laisser tout le monde se<br /> dépatouiller en disant "ah mais non, nous on publie pour tous les âges !". Le lecteur adulte lambda qui entre dans une librairie généraliste va-t-il voir ce qui se vend dans la section "grands<br /> ados" s'il n'est pas enseignant, animateur, travaillant dans les métiers du livre, parent d'enfants de cet âge ? Le pékin de 30-59 ans qui se cherche un bouquin sans se préoccuper de la<br /> question soulevée ici ne trouvera jamais ce livre. Alors qu'on ne nous dise pas  : c'est pour tout le monde. Le tout le monde se trouve à côté de Marc Levy et de Guillaume Musso, non ?<br /> <br /> <br />