Les jardins d'Hélène

Physique - Jean-Marc Parisis

20 Février 2006, 11:31am

Publié par Laure

Un curieux roman que ce physique de Jean-Marc Parisis : vif, moderne, provocateur, un brin déstabilisant, aussi. Patrick Langevin a 7 ans quand ses parents meurent dans un accident de voiture. Il est le seul rescapé et gardera toute sa vie une cicatrice en forme de dollar sur son front. (Le détail n’est pas anodin ?). Il connaît la dureté d’un foyer d’orphelins avant de devenir brillant étudiant, il réussit haut la main tout ce qu’il entreprend et devient avocat d’affaires. Au passage, pistes intéressantes sur la vérité, depuis l’affaire d’un prétendu suicide à l’orphelinat jusqu’aux salles de justice. A 40 ans, vie facile, argent facile, Porsche et filles à gogo. C’est un jouisseur. Malgré son mariage à 18 ans avec celle qui restera toujours la femme de sa vie, Catherine Valence, artiste peintre contemporain. Lorsque l’intrigue bascule, il a une grande fille de 18 ans, Julie. C’est donc une ascension réussie qui  nous est narrée de façon alerte, le style et les propos ne sont pas sans me rappeler parfois un certain Beigbeder, en un peu moins vulgaire. Jusqu’au soir de trop, celui où il contraint la meilleure amie de sa fille, tout juste majeure. Elle était consentante mais espérait plus de douceur pour sa première fois. Après 90 pages, le roman bascule et devient irréaliste. Il se réveille avec 15 ans de moins, 25 ans physiquement, mais toujours un mental de 40 ans. Ça devient compliqué, il faut gruger, prétexter un lifting et une cure d’amaigrissement. Ça passe mais le rajeunissement continue, le voilà revenu à l’âge de 15 ans, puis 7 ans, puis 1 an… avec toujours l’esprit d’un homme de 40 ans. La fin me laisse perplexe, je ne suis pas sûre de l’avoir comprise… Une expiation pour cette soirée de trop avec Carole, l’amie de sa fille ? Dans sa pente rajeunissante, il revient à plus d’essentiel, entreprend de changer d’attitude. Une seconde moitié curieuse, perturbante, mais pas inintéressante.

Père absent, mari absent, j’ai aimé tout ce qui tourne autour du délitement de son couple et du « passage à côté » de sa fille.

Extrait : p. 48 : « Deux cent trente mètres carrés, une surface idéale pour jouer à cache-cache avec mon épouse et Julie, notre fille de dix-huit ans. Je ne les voyais presque jamais, je bossais trop. Avec Catherine, ça n’allait plus fort depuis longtemps. Vingt-deux ans dans le même lit, même en changeant de lit, n’usaient pas que la peau, ça fatiguait aussi la langue. Entre sa galerie et mon cabinet, nous n’échangions plus que des mots de supermarché. Bonsoir, notre amour va fermer, vous êtes priés de rejoindre la caisse. »

Stock, janv.2005, 206 pages, ISBN 2-234-05736-1, prix : 18 €

 

 

 

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