Un soir de décembre - Delphine de Vigan
Matthieu Brin connaît le succès après la publication de son premier roman et vit une vie heureuse et ordinaire auprès de la femme de sa vie, Elise, et de leurs deux jeunes garçons.
Voilà qu’arrive au courrier une lettre de lectrice, qui est aussi une ancienne amante, une belle et vieille histoire de 10 ans en arrière, qu’il a rompu un soir de décembre, peu avant son mariage. Cette lettre et les suivantes vont le troubler bien plus qu’il ne le souhaite. Il s’enferme et devient taciturne, peut-il se libérer de cette histoire en écrivant son deuxième roman ? En s’enfermant dans l’écriture ? Entre propos communs (l’épouse lassée qui s’en va, l’homme miné par la déprime) et belles réflexions sur le désir amoureux, c’est toute l’histoire d’une rencontre que l’amante va réécrire, pour pouvoir, enfin, en faire le deuil.
J’ai aimé l’atmosphère délicate qui émane de ce roman. Les propos sont simples et efficaces. Les mots sur le désir sont beaux et justes. Le miroir (fidèle ?) de la mémoire. Peut-être ai-je regretté de ne pas en savoir plus sur le deuxième roman en cours d’écriture, parle-t-il de ce deuil amoureux ? Sans doute, mais comment….ou bien est-ce celui que nous avons entre les mains ? Cette solution-là ne me satisfait pas non plus....
Cet extrait : « Sara écrit l’histoire inachevée qui a été la leur. Dans le secret des mots, entre les lignes, elle cherche un sens. Elle attend une réponse. Il ne doit pas y penser. Pas encore. » (p.118)
« Il écrit sous l’emprise d’une femme qui a forcé l’espace clos de sa mémoire. Il sent vibrer, en deçà des mots, l’influx silencieux qui l’emporte vers elle. Il croyait qu’il était capable de maintenir l’histoire dans l’oubli. (…) Un livre peut-il porter à ce point la trace d’une femme ? Peut-on écrire seulement pour ça, pour se rapprocher de quelqu’un ou – de manière plus juste – pour l’attacher à soi ? » (p.120)
JC Lattès, juin 2005, 194 pages, ISBN 2-7096-2725-6, prix : 13.50€
Ma note : 4/5