L'ennemi des fourmis - Stephan Valentin
Encore un livre terrible dont il est difficile de se remettre. Tant de violences étouffées qui explosent. Une force littéraire qui me bouscule de plein fouet, au rythme des mots et de la tension dramatique qui va crescendo. Pfiou, KO à la fin du livre, la lectrice que je suis.
Le petit Jonas part à la campagne habiter la maison de sa grand-mère maternelle, avec sa mère enceinte et pas loin d’accoucher. Pourquoi quittent-ils la ville, l’école, aussi soudainement ? Peut-être parce que sa mère porte au visage les traces d’une violence masculine ?
Jonas est un petit tortionnaire dans son genre : il terrorise le chat, ne se gêne pas pour brutaliser tout ce qui est sur son passage : fourmis, escargots, sa grand-mère qui ne l’aime pas (« le sale petit bâtard), et il joue sans cesse avec le feu, au sens propre du terme. Pour passer le temps il accepte aussi de jouer avec la petite Sarah, une fillette qui n’a pas sa langue dans sa poche et va l’entraîner dans une bien sinistre aventure. Jonas regarde aussi d’un mauvais œil les hommes avec lesquels sa mère sympathise, ceux qu’il appelle les « oncles », il ne tolère pas leur présence. Avec des mots simples mais ô combien efficaces, l’auteur nous mène peu à peu vers la tragédie, et des drames en 3 jours, il y en a ! Une fin terrible aussi, injuste mais était-il vraiment possible d’en écrire une autre ?
C’est pas ma faute si les meilleurs livres sont aussi les plus noirs !
Traduit de l’allemand par Olivier Mannoni.
Actes Sud, coll. Lettres allemandes, avril 2003, 142 p., ISBN 2-7427-4248-4, prix : 13 €
Ma note : 4,5/5