Frère animal - Arnaud Cathrine et Florent Marchet
Textes d’Arnaud Cathrine et Florent Marchet
Compositions et arrangements de Florent Marchet
Voix : Arnaud Cathrine, Florent Marchet, Valérie Leulliot, Erik Arnaud, Nicolas Martel, Antoine Lhouillier.
Le concept peut dérouter, mais se révèle au final agréablement surprenant et réussi.
Frère animal est un roman musical écrit à quatre mains par Arnaud Cathrine et Florent Marchet. D’une part, le texte, 19 chapitres, de nature diverse, à la manière d’une pièce de théâtre parfois. C’est l’histoire de la Mère Nourricière, la SINOC, Société Industrielle Nautique d’Objets Culbuto, une entreprise qui nourrit 600 personnes, dans une ville imaginaire, et des 600 personnes qui lui doivent tout. Du moins elle le leur fait croire, effaçant leur entité, sauf pour Thibaut, qui refuse de marcher dans les pas de son père et cette aliénation à l’entreprise, cruelle, dure, qui licencie les quinquas et se montre raciste à l’embauche. D’autre part, le CD, ces 19 textes en musique plutôt pop, en chansons, qui forment un tout indissociable.
C’est une fiction déprimante mais qui ressemble cruellement à la réalité…
C’est un objet littéraire nouveau, original, qui s’il me laissait vraiment dubitative, m’a réellement séduite. Je ne dis pas que je lirai/écouterai des romans musicaux tous les jours, mais une
fois de temps en temps, comme avec celui-ci, c’est une bonne surprise.
p. 71. Thibaut : « C’était l’hiver. Je venais d’avoir vingt ans. On avait décidé pour moi : je finirai chez toi, sainte Mère de mes couilles. Mon père avait dit : « Tu crois quoi ? Que j’aime mon métier ? Je n’ai que ça. Mais c’est déjà une chance ! » Il avait dit : « Tes livres. Toujours tes livres. » Parfois il rentrait dans des colères noires. Il s’emparait d’un bouquin et m’assénait un coup sur le crâne. Il m’aime, mon père. Mais je sais bien ce que ça signifiait, de me frapper le crâne avec ces putains de livres qui ne servent à rien et ne mènent nulle part, ça signifiait : tu ne nous échapperas pas, tu resteras des nôtres, tu n’iras pas avec les bourgeois, tu ne trahiras pas »
L’article d’Olivier Combes sur Benzine.mag
Verticales, mars 2008, 88 pages, avec 1 CD, prix : 15 euros
Ma note :
Crédit photo couverture : © Julien Baumgartner et éd. Verticales.