La locataire - Hilary Mantel
Traduit de l’anglais par Catherine Richard
Sylvia et Colin Sydney forment un couple un peu dépassé par les événements (leurs enfants grandissant !) et un peu affaibli par un adultère passé : Colin garde le souvenir mélancolique d’ une liaison avec une assistante sociale rencontrée par hasard dans le quartier : Isabel Fields. Même si elle n’en a jamais rien dit, Sylvia a toujours su au plus profond d’elle-même. Isabel intervenait dans une famille quand tout a basculé : séquestrée par la propriétaire, elle en est restée fragile, et Muriel, la fille de la maison, jeune mère infanticide, ne lui a jamais pardonné son intervention, qui a entraîné son internement en psychiatrie. Dix ans plus tard, Muriel Axon revient pour se venger. Sous les traits d’une femme de ménage dans la famille de Sylvia et Colin ou sous ceux d’une aide-soignante dans un hospice, elle est passée maître dans l’art du déguisement et de la manipulation pour récupérer son bien : sa maison habitée par les Sydney, et pour se venger de ceux par qui elle estime avoir été lésée.
Dit comme ça, on se sent vite embarqué dans un imbroglio impossible, alors que l’ensemble se veut un puzzle parfaitement maîtrisé où chaque pièce s’imbrique par le biais de rebondissements surprenants, sur fond d’humour très noir. Chaque détail a son importance qui rejaillira d’ici la fin. Une fin étonnante d’ailleurs, qui laisse un peu dans le doute quant à la noirceur du dénouement qu’elle suggère sans toutefois l’énoncer.
Un roman prenant, qui tient surtout par la force de ses personnages bien campés, ses rebondissements retors d’une violence psychologique sourde, plus latente que réellement décrite, mais tout aussi efficace.
Les lectures de Clarabel, Calepin, Cathulu,
Editions Joëlle Losfeld, février 2009, 294 pages, prix : 25 €
Ma note :
Crédit photo couverture : © Ouka Leele / Agence Vu (détail) et éd. J. Losfeld
Crédit tout court : merci à Clarabel pour le prêt !