L'abominable Monsieur Schnock - Andy Stanton
Traduit de l’anglais par Vanessa Rubio
En
bibliothèque, on nous demande souvent des romans pour enfants qui n’aiment pas lire. Parfois, il suffit d’une mise en page aérée, d’un texte écrit gros, d’illustrations sympas et d’une histoire
rigolote. Ce livre semblait réunir ces critères, je l’ai acheté comme ça vite fait, pas cher (4.90 €), et débordant de vrais faux témoignages d’enfants l’ayant trouvé délirant et ayant pleuré de
rire.
Je reste perplexe … Il y a beau y en avoir une demi douzaine en page liminaire, je suis désolée, mais je n’ai jamais ri à la lecture de ce livre, même pas souri, pourtant des livres loufoques où on rit, il y en a, cf. la série des Kurt d’Erlend Loe par exemple.
Alors qu’en est-il de ce Monsieur Schnock ? Sur presque toutes les pages, des traces noires d’encre qui a débordé, comme quand vous lisez Libé, que vous en avez plein les doigts, et que vous touchez une page blanche après. Sauf que là c’est fait exprès. L’histoire se veut déjantée, genre « n’importe quoi », et c’est vraiment n’importe quoi. Monsieur Schnock vit dans une porcherie (enfin une maison, mais très très très sale), car c’est un gros fainéant. Seul son jardin est bien entretenu, sinon une petite fée furibonde vient lui taper sur la tête avec une poêle à frire. Mais un beau jour le chien Jake, ce « rotoutou bongrochien » vient tout saccager, parce que ce jardin lui plaît bien. Damned, Schnock se fait alors vilipender par la fée. Il faut vite se débarrasser du rotoutou bongrochien en l’empoisonnant avec d’abominables cochonneries, genre cœur de bœuf ayant pris le soleil en vitrine pendant 1 mois et macéré dans toutes sortes de choses. Je ne me souviens pas de tous les détails, sinon que l’histoire part dans tous les sens. J’ai voulu aller jusqu’au bout vraiment pour voir si ça tenait quand même la route. Mouais… Le livre se veut ludique, mais il ne suffit pas d’écrire n’importe quoi, en jouant sur les caractères et en insérant deux-trois petits dessins pour en faire un livre jeunesse ! Et que penser des fautes volontaires et multiples, genre j’écris comme j’te cause ? Exemple : « champion du monde d’empoisonnage de chien. – ça veut rein dire du tout. C’est vous qu’avez écrivu ça sur votre tishort avec du ketchup, constata Polly. »
Moi j’sais pas, mais à part affligeant, j’trouve pas d’autre mot… Je n’ai pas la prétention de dire que les livres peuvent aider les enfants en grammaire et en orthographe, mais quand je reçois des classes tout au long de l’année et que je me trouve confrontée à leur niveau de lecture, je ne suis pas sûre que ce genre de livre leur fasse grand bien. C’est de l’humour voyons, c’est fait exprès qya 3 fôtes par page, sinon c’est pas drâle (oui oui, il y a vraiment un personnage qui dit drâle au lieu de drôle dans l’histoire). Et ce n’est que si vous êtes bon élève en français que vous saurez qu’il y a une erreur et que c’est pour ça que c’est drôle.
Un autre exemple d’humour ? : « les yeux brillants d’admiration (encore), il mit un genou à terre au beau milieu de la place, puis les deux genoux. Puis carrément trois genoux à terre, ce dont personne d’autre n’est capable sur cette planète ». Il y a un personnage qui s’appelle Vendredi Ousamedi (ah ah ah !) et un qui a toujours pour leitmotiv : la vérité est une meringue au citron vert. Il y a bien ici ou là une tentative d’allusion à des techniques éprouvées de narration, mais vite noyée par cet humour irrésistible : « les taupes surgirent de leurs taupinières, les écureuils surgirent de leur écureuillères, et les chats surgirent de leurs chattières. », si bien que le truc intéressant, on l’a zappé.
La 4ème de couverture dit clairement : « Attention : si vous n’aimez pas rire, ce livre n’est pas pour vous ! ». Je veux bien user de tous les degrés, je ne dois effectivement pas aimer rire.
Cet extraformidadrâlissime (ça c’est de moi, à la manière de) petit roman jeunesse bourré de n’importe quoi écrit n’importe comment est le 1er tome d’une série dont le titre générique est : Chroniques de Lipton-Les-Baveux. Le tome 2 est (sérieusement) déjà référencé en ligne, pour septembre 2009 selon certains sites, pour novembre d’après le tome 1 que j’ai entre les mains. Devinez : vais-je y investir les 4,90 € requis ?
Bayard jeunesse, mai 2009, 186 pages, prix : 4,90 €
Ma note :
Crédit photo couverture : ©David Tazzyman et éd. Bayard.