Les jardins d'Hélène

D'autres vies que la mienne - Emmanuel Carrère

23 Juin 2009, 10:31am

Publié par Laure

Des critiques et des lecteurs enthousiastes, un livre déjà plusieurs fois primé, j’hésitais à ouvrir ce dernier Carrère que je savais différent d’un roman russe, parce que justement, ce roman russe, moi je l’avais adoré. Ces autres vies, antérieures dans le temps mais écrites après, lui redonnent sens et place dans la vie de l’écrivain.

La première partie racontant le décès d’une petite fille de 4 ans, Juliette, dans la vague du tsunami au Sri Lanka en décembre 2004, me paraît longue et ennuyeuse, et assez peu en lien avec toute la plus grande partie suivante : la maladie de sa belle-sœur, son second cancer dont elle décèdera à 33 ans, laissant un mari et trois petites filles, et l’histoire du collègue de travail de Juliette, juge d’instruction lui aussi, boiteux comme elle suite à un cancer, et leur lutte commune contre les organismes de crédit qui favorisent le surendettement en France.

Ce sont peut-être « d’autres vies que la sienne », mais n’en déplaise, on y trouve beaucoup la sienne, sa façon de voir les choses et de s’y trouver mêlé, des rappels à son travail d’écriture sur Jean-Claude Romand, des retentissements de ces événements sur sa vie personnelle et familiale, son engagement amoureux. Carrère s’est-il fait plus humble que dans un roman russe (ce qui lui avait été souvent reproché ?) Je ne crois pas, je le vois toujours de la même façon. Non, ici comme ailleurs, Carrère a un talent indéniable d’écrivain, et ce qui me semble le plus proche de la littérature ici, c’est que par le biais de quelques vies, il nous donne à voir une réalité du monde, entre maladie et souffrance, injustices et peines, entre profits et misère. Parce qu’au fond, la vie de sa belle-sœur et de cet autre juge inconnu, soyons honnêtes, tout le monde s’en moque, à moins que vous ne soyiez curieux de sa vie privée et de celle de son entourage, ce qui serait une autre forme de lecture people, ou qualifierait ce roman d’aussi autofictif qu’un autre, or personne ne s’insurge cette fois, c’est donc que ce qui intéresse ici, c’est la portée générale qu’il donne à quelques vies particulières.

 

D’autres lectures : Clochette, Anne, Cuné, ...

L’excellent article de Télérama 

 

P.O.L. , mars 2009, 309 pages, prix : 19,50 €

Ma note :

Crédit photo couverture : éd. P.O.L.

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T
Ton billet me donne bien envie, je note !
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C
Merci pour le lien !
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F
J'avais adoré "L'adversaire" et " La classe de neige". Ce dernier livre est sur ma LAL mais peut-être que je lirais "Un roman russe" avant ( suggestion d'Anne, l'insatiable lectrice).J'en profite pour te souhaiter un Bon Anniversaire! 37 ans...Tu es encore une jeunette! ;)
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C
Bon anniversaire, Laure-la-jeunette !
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P
C'est un livre sublime et rare. Je n'avais pas aimé un roman russe, mais là, les bras m'en sont tombés. C'est bouleversant et j'ai tout aimé : début milieu et fin. Il faut le lire : c'est une leçon de vie et c'est, paradoxalement, un livre qui fait du bien.
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C
(Tsss, blog it est un mouchard et moi trop curieuse que tu nous racontes tout ça, comme chaque année ;o))
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A
Bon anniversaire Laure :)
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L
<br /> Merci Amanda ! <br /> <br /> <br />
V
pardon pour le doublon, je pensais que j'avais appuyer sur fermer lors de mon 1er envoi!
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L
<br /> j'ai envie de laisser ton doublon parce que ce n'est pas un copié-collé, tu y redis la même chose mais un peu différemment et c'est toujours agaçant de devoir<br /> recommencer quand (on croit que) ce n'est pas passé !<br /> <br /> <br />
V
mon roman préféré de l'année. Il aborde en effet des thèmes douloureux mais indispensables (la survie des enfants après le décès d'un parent: sommes-nous si indispensables que nous le pensons? Je suppose que comme moi, chaque parent angoisse parfois à l'idée de ce qui arriverait à ses enfants 'il nous arrivait un malheur) et les pages sur le surendettement sont très intéressantes. Carrère aborde des thèmes si différents et pourtant, tout le roman se tient parfaitement.
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V
J'ai moi aussi adoré ce livre plus qu'aucun autre cette année. Tu as raison, ce sont les vérités générales qui sont importantes ici , qui font parfois à la fois mal tout en étant rassurantes (oui, un enfant survit à la mort de l'un de ses parents, donc non, nous ne sommes pas si  indispensables que nous le pensons). Et puis, les pages sur le surendettement sont très intéressantes. Tant de sujets différents et pourtant si bien liés dans ce roman!
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L
<br /> oui, tout à fait d'accord avec toi,<br /> et j'ai beaucoup aimé les pages assez instructives sur le surendettement, c'est rare de trouver ça dans un récit, ...<br /> <br /> <br />