Les jardins d'Hélène

L'affaire Lolita - Penelope Fitzgerald

28 Août 2006, 20:54pm

Publié par Laure

Florence Green, habitante de Hardborough, petit village du Suffolk, décide de racheter une vieille maison abandonnée pour y ouvrir sa librairie. Cela ne plaît pas à tout le monde, et en particulier aux notables du coin. Rares soutiens des uns, médisances des autres, Florence s’accroche pour que son commerce fonctionne. L’affaire « Lolita », le roman de Nabokov, n’est qu’un prétexte, car il n’occupe qu’une part risible dans ce livre : la snob Violet Gamard se plaint de l’embouteillage que crée dans la rue ce livre exposé dans la vitrine de The old House, ce qui ralentirait ses courses ! Là n’est pas vraiment le problème, quand on veut arriver à ses fins, tous les moyens sont bons, et Florence sera contrainte de mettre la clé sous la porte, une nouvelle loi réquisitionnant des bâtiments historiques ayant été inoccupés pendant 5 ans, même s’ils sont à présent habités. 

Perfidies, ragots, jugements, Penelope Fitzgerald décrit très bien cette lutte de classes et cette ambiance malsaine et observatrice des petites bourgades.

A noter : Penelope Fitzgerald est décédée en 2000 et ce roman date de 1978. Il n’a été traduit au Quai Voltaire qu’en 2006. L’histoire se déroule en 1959 dans le sud-est de l’Angleterre. Il est intéressant de découvrir que les librairies les plus reculées pouvaient aussi avoir un espace bibliothèque de prêt, constitué de livres apportés par une firme londonienne. « Les livres disponibles en prêt étaient divisés en trois catégories : A, B, et C. A représentait ceux qui étaient très demandés ; B, ceux qui l’étaient médiocrement ; et C, ceux dont les titres, déjà anciens, faisaient l’objet d’une demande quasi nulle. Pour chaque A emprunté, elle devait prendre trois B et un grand nombre de C. Si elle payait plus cher, elle aurait davantage de A, mais elle aurait à gérer une croissance exponentielle de B (médiocres) et de C (l’horreur). » (P.66)

Bref, un petit roman sympathique sur les mentalités villageoises, et 50 ans plus tard, c’est encore souvent semblable !

[Ecrit le 25 août.]

Traduit de l’anglais par Michèle Lévy-Bram

Quai Voltaire, juin 2006, 175 pages, ISBN 2-7103-2881-X, prix : 16,50 €

Ma note : 3,5/5

 

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P
voila un livre où l'ambiance des petits villages est bien racontée, tout le monde s'épie,  un minorité veut imposer une règle de vie qui ne doit en aucune façon être dérangée, là c'est l'implantation d'une librairie dans une maison abondonné qui vient troubler ce petit monde, tout les mesquineries seront mises en oeuvre pour faire  fermer ce commerce, raconté dans un style très anglais, ce petit roman est trés agréable à lire.
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