L'affaire Lolita - Penelope Fitzgerald
Florence Green, habitante de Hardborough, petit village du Suffolk, décide de racheter une vieille maison abandonnée pour y ouvrir sa librairie. Cela ne plaît pas à tout le monde, et en particulier aux notables du coin. Rares soutiens des uns, médisances des autres, Florence s’accroche pour que son commerce fonctionne. L’affaire « Lolita », le roman de Nabokov, n’est qu’un prétexte, car il n’occupe qu’une part risible dans ce livre : la snob Violet Gamard se plaint de l’embouteillage que crée dans la rue ce livre exposé dans la vitrine de The old House, ce qui ralentirait ses courses ! Là n’est pas vraiment le problème, quand on veut arriver à ses fins, tous les moyens sont bons, et Florence sera contrainte de mettre la clé sous la porte, une nouvelle loi réquisitionnant des bâtiments historiques ayant été inoccupés pendant 5 ans, même s’ils sont à présent habités.
Perfidies, ragots, jugements, Penelope Fitzgerald décrit très bien cette lutte de classes et cette ambiance malsaine et observatrice des petites bourgades.
A noter : Penelope Fitzgerald est décédée en 2000 et ce roman date de 1978. Il n’a été traduit au Quai Voltaire qu’en 2006. L’histoire se déroule en 1959 dans le sud-est de l’Angleterre. Il est intéressant de découvrir que les librairies les plus reculées pouvaient aussi avoir un espace bibliothèque de prêt, constitué de livres apportés par une firme londonienne. « Les livres disponibles en prêt étaient divisés en trois catégories : A, B, et C. A représentait ceux qui étaient très demandés ; B, ceux qui l’étaient médiocrement ; et C, ceux dont les titres, déjà anciens, faisaient l’objet d’une demande quasi nulle. Pour chaque A emprunté, elle devait prendre trois B et un grand nombre de C. Si elle payait plus cher, elle aurait davantage de A, mais elle aurait à gérer une croissance exponentielle de B (médiocres) et de C (l’horreur). » (P.66)
Bref, un petit roman sympathique sur les mentalités villageoises, et 50 ans plus tard, c’est encore souvent semblable !
[Ecrit le 25 août.]
Traduit de l’anglais par Michèle Lévy-Bram
Quai Voltaire, juin 2006, 175 pages, ISBN 2-7103-2881-X, prix : 16,50 €
Ma note : 3,5/5