Les jardins d'Hélène

La promesse d'Oslo - Gilles Rozier

10 Octobre 2006, 16:11pm

Publié par Laure

Sharon, 42 ans, vit à Jérusalem, où elle est cuisinière dans une maison de retraite. Elle a un fils de 20 ans, Eli, qui meurt dans un attentat. Comment survivre à cette absence ? Sharon est divorcée aussi, car dans la tradition juive, on se doit d’avoir plusieurs enfants (« la Loi dit Croissez et multipliez »). Comme elle n’a jamais donné la vie après Eli, son mari est allé voir ailleurs. Sharon va déménager, quitter son quartier ultra orthodoxe pour un autre petit appartement, dans un immeuble où elle va sympathiser avec sa nouvelle voisine, Magda. 

Je me suis longtemps demandé où l’auteur voulait en venir… Il nous fait tout simplement partager le quotidien d’une femme juive qui vit sa religion dans le respect le plus strict des lois, et qui rencontre des personnages qui eux s’accordent des libertés avec celles-ci ! Il y a de l’humour, et on s’attache assez vite à ce personnage de femme qu’on sent à la fois « corsetée » par sa religion, mais satisfaite tout de même de ce « cadre ». Et puis quand sa voisine Magda, la quarantaine aussi, donne naissance à un petit garçon grâce à la fécondation in vitro, pourquoi n’essaierait-elle pas, elle aussi, de donner une nouvelle fois la vie ? Pas pour remplacer Eli, non, mais pour prolonger son existence justement, en parlant de lui à une fratrie. Mais voilà, pour respecter les lois de la Torah, seule la procréation avec donneur anonyme non juif est possible (si le père est juif, il faut qu’il y ait mariage, et Sharon ne veut pas de mariage !). Sur le conseil de son rabbin, ce sera Oslo, où le nombre de juifs est très faible, donc le risque que le donneur soit juif quasi nulle. Elle s’invente une vieille tante en Norvège pour s’absenter une semaine. Le temps aussi de réaliser que son pays lui manque, sa voisine et son collègue de travail aussi. Plus on avance dans le livre et plus on aime cette femme qui se débat entre ses envies et le respect des Lois. Aussi la fin qui se veut d’une grande simplicité (c’était pas si compliqué de faire quelques arrangements !) est un bonheur simple, pour le lecteur et pour le personnage de Sharon. 

J’ai aimé découvrir ces traditions juives que je ne connaissais pas, mais aussi l’ouverture d’un peuple dans sa façon de vivre sa religion, ainsi que le cadre du conflit israélo-palestinien, même si chez Rozier on apprend moins que chez Zenatti de ce point de vue-là. C’est un roman prenant et attachant sur la façon de vivre sa judaïté, une réflexion personnelle sur l’amour, le couple, la maternité et le risque dans un pays en conflit permanent, où prendre le bus peut vous faire perdre la vie à tout instant. La fin aborde aussi l’homosexualité de façon très sereine et détachée, comme une évidence que l’on ne lit pas si souvent !

Denoël, août 2005, 186 p., ISBN 2-207-25702-9, prix : 15 € 

Ma note : 3,5/5

 

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T
En parlant de Torah et de judaisme, n'hésitez pas à cliquer sur Torah pour telecharger des cours de grands rabbins plein de psychologie et de finesse.
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L
je supprime tout commentaire proche du spam... court répit..
C
Je crois que ce sentiment de malaise venait de l'ambiguité du sexe de la personne. Est-ce que, en plus d'être un roman sur les juifs cachés pendant la guerre, c'était ou non un roman sur l'homosexualité ? Au vu du résumé de Laure, sans doute que oui, mais ce n'était pas franchement dit. Et puis, autant que je me souvienne, les scènes sinon érotiques, du moins avec beaucoup de désir, étaient  bizarres dans ce genre de roman.
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L
Du coup vous m'intriguez avec ce bouqin précédent ! <br /> Dans la promesse d'Oslo, il se trouve à la fin que le collègue de travail de Sharon est bisexuel, et ça ne lui pose aucun problème. Tout est abordé avec une simplicité évidente. On peut toutefois s'interroger alors sur la motivation ou sincérité réelle de l'union finale...
C
... par contre, moi je n'avais pas beaucoup aimé "un amour sans résistance" et avais trouvé le sujet plutôt gênant. Gros sentiment de mal à l'aise quand je l'avais lu !... :-(
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C
J'avais lu "Un amour sans résistance " du même auteur l'an dernier, c'était pas mal (quelqu'un cachait un juif dans sa cave pendant la guerre) et en plus il y avait une ambiguité sur la personne cachée. De tout le livre, il n'y avait aucune indication sur le sexe . Homme ou femme ? Mystère ! <br /> Donc , d'après ce que tu dis, c'est un auteur à suivre.....
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C
whoo ! ça me donne envie ! :-)
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L
oui ! au départ j'avais un peu de mal, il y a des réflexions en langage plutôt oral et sans ponctuation, genre "reje fais ceci ou cela, reon etc." Il m'a fallu comprendre que c'était le préfixe de répétition "re je..." Mais la majorité des pages sont écrites normalement et coulent toutes seules. <br /> Je me suis finalement attachée au personnage au point de vouloir vite savoir ce qui allait lui arriver ! <br /> C'est une bénévole de la bib qui me l'a rapporté un jour en disant "il est vraiment très bien, faut que tu le lises !". J'ai tardé un peu mais je ne le regrette pas ;-))