Se résoudre aux adieux - Philippe Besson
Après une lecture peu concluante d’un précédent roman de Besson, je me donnais une seconde chance avec celui-ci dont le sujet me semblait proche, très proche, de moi. Et bien je dois avoir du mal avec Besson… je ne l’ai fini que parce qu’il est court, et sans débordement passionné dans ma réaction de lectrice.
Clément a quitté Louise pour une autre femme, Claire. Louise tente de surmonter sa douleur et son chagrin en partant revisiter les lieux qu’ils ont visités, ou d’autres, comme une fuite en avant pour se libérer de cette souffrance qui la dévore de l’intérieur. De la Havane, de New-York ou d’Italie, elle écrit. Des lettres à Clément, sur leur amour passé. Elle n’en attend pas de réponse. C’est sa façon à elle d’essayer d’en guérir. Jusqu’à la dernière lettre justement, celle du retour à Paris et de l’apaisement. Louise a rencontré quelqu’un avec qui elle va démarrer une nouvelle vie. Finies la rancœur et la tristesse, elle peut tourner la page.
On peut reconnaître à l’auteur le talent de s’être mis dans la peau d’une femme pour écrire, et d’avoir réussi un très bel exercice de style. Mais voilà, il ne s’en est dégagé pour moi quasi aucune émotion, un exercice un peu lisse et contemplatif, qui m’a parfois donné envie d’abandonner ma lecture.
Et puis pourquoi les héroïnes romanesques qui sont larguées ont-elles toujours la possibilité de partir au bout du monde aussi longtemps qu’elles le souhaitent, sans contraintes matérielles particulières ? Louise n’a pas d’enfants, elle est libre de son temps professionnel (elle écrit des articles pour des journaux), elle n’a pas de souci d’argent (elle a hérité de son père). Comme un idéal éthéré pour faire son deuil hors du monde. Pourquoi moi j’ai un boulot chronophage et mal payé, l’incapacité réelle de prendre ne serait-ce que deux jours de congés pour souffler, et trois beaux enfants pour qui il faut que je sorte de mon lit pour faire à manger ? Contemplative et idéaliste, la littérature ? J
Extrait p.33-34 : « J’écris pour ne pas être tout à fait morte, parce que le mouvement de la main est au moins un mouvement, parce que cette occupation me soustrait à l’ennui, c’est tout. […] Je ne cherche personne non plus, tu me le reprocheras. Cela t’arrangerait que je flirte avec un autre, que je refasse ma vie, pourquoi pas ? Mais j’en suis incapable. Je ne peux laisser aucun homme s’approcher, ni envisager de blottir mon corps contre un corps étranger. »
p. 69 : « Tu me jurais que cela lui aurait fait trop de mal d’apprendre qu’elle avait été trompée, il convenait de ne pas ajouter à la séparation l’humiliation de l’adultère. » [J’en connais qui ne se donnent pas tant de mal…]
Julliard, janvier 2007, 188 pages, 18 €
Ma note : 3/5