Caroline assassine - Sophie Jabès
Ce court roman me laisse un peu perplexe : il y a toute la matière à, mais voilà, ça ne prend pas, pas beaucoup, pas assez… Caroline a 7 ans, et pour échapper à sa famille frappadingue (alcoolisme, misère sociale et intellectuelle, mère qui la déteste), elle se réfugie dans la lecture. Mais quand sa mère envoie son exemplaire des Misérables dans les toilettes et tire la chasse d’eau, c’en est trop : Caroline décide d’assassiner sa mère. S’ensuivent des descriptions de cette vie tordue à 6 dans un 2 pièces : les grands-parents, la grande sœur Solange qui a un copain (déjeuner surréaliste avec les futurs beaux-parents), et le petit frère Bertrand qui a besoin de Caroline pour le protéger, le père alcoolo ramené par les flics après 5 ans d’absence… On comprend combien la petite Caroline peut tenter de trouver un peu de stabilité et d’affection auprès de sa bibliothécaire…
Donc voilà : tous les ingrédients y sont (on pense beaucoup au dernier Isabelle Minière) mais ça ne marche pas : Vous en connaissez beaucoup vous des gamines de 7 ans qui ont lu tout « Hugo, George Sand, Alexandre Dumas mais aussi Somerset Maugham, Tolstoï et Dostoïevski » ? Vous en connaissez vous des écoles primaires dans lesquelles il y a une bibliothécaire à temps plein ? Fable, conte, me dira-t-on… oui, mais fin fantastique en plus, moi je dis non. Pourtant il y a quelque chose qu’on voudrait aimer dans cette histoire de Sophie Jabès, mais tout va trop vite, ça mélange le grave et le délire fantaisiste, sans analyser plus longuement des passages qui mériteraient de l’être, c’est superficiel sur un sujet qui ne l’est pas, et sur ce sujet-là, je suis exigeante !
p. 23 : « Elle [sa mère] l’avait prévenue. Lire, répétait-elle, surtout des romans, c’était une perte de temps. »
J’ai lu, fév. 2006, 123 pages, prix : 3.70 €
Ma note : 2,5/5