7 ans après... - Guillaume Musso
Oui, j'en vois certains s'étrangler derrière leur écran : elle va quand même pas nous parler de Musso ?! Déjà qu'on ne peut plus prendre un train sans le voir démultiplié jusqu'au bout de chaque quai sur les panneaux Decaux...
Musso - et consorts LevyPancolCoben - sont cause d'une souffrance pénible pour les bibliothécaires. Non pas sur le contenu, ce n'est pas le problème, chacun lit ce qu'il veut, mais sur le comportement que ces auteurs induisent auprès de leurs lecteurs. Agressivité, impatience, énervement, impolitesse (je vous jure qu'il faut parfois se retenir très fort pour ne pas répondre que s'ils n'acceptent pas d'attendre parce que le livre est déjà emprunté, ils n'ont qu'à aller se l'acheter. Non on n'achètera pas trente exemplaires pour satisfaire une demande aussi pressante qu'éphémère pour en pilonner 29 exemplaires dans six mois quand le prochain paraîtra. En acheter 30, c'est se priver de la diversité et de la richesse de 29 autres livres. On achète un exemplaire (les grosses structures ou les réseaux en achètent un peu plus, soyez rassurés) et le lecteur impatient est prié d'aller râler ailleurs. De même que non on ne peut pas l'acheter s'il n'est pas encore sorti, c'est étonnant ce nombre de lecteurs qui posent toujours la question des fois que, et non on ne peut pas encore le réserver avant qu'il sorte (y pas marqué Am*z* au-dessus de la porte, mais « bibliothèque »)).
Voilà, ça, c'est fait.
Si j'avais lu les trois premiers romans de Marc Levy au début des années 2000 (et vite compris que je lirais toujours à peu près la même chose si je continuais), je n'avais encore jamais lu de Guillaume Musso. Voilà qui est réparé avec ce dernier titre, 7 ans après...
Nikki et Sebastian sont aussi différents que le jour et la nuit, mais ils se sont aimés quelques années, le temps au moins d'avoir des jumeaux, Camille et Jeremy. Leur divorce a séparé également les enfants : le père a gardé la fille, la mère a gardé le fils. Il faut dire que le père a un caractère autoritaire, rigide et franchement insupportable. Mais quand leur fils Jeremy disparaît, l'amour parental reprend le dessus, et le couple se retrouve pour partir à sa recherche (à travers plusieurs continents et moult péripéties tant qu'à faire)
Il n'y a pas à dire, le genre (à moins que ce ne soit le cahier des charges?) est maîtrisé : page turner efficace, écriture rapide et cinématographique (on voit quasiment le film se dérouler sur grand écran), dernière phrase de chapitre courte et d'accroche pour vite passer au suivant. Cet opus-ci tient du thriller, sans grande originalité (la drogue, l'hémoglobine à flots, des personnages principaux dans le pétrin, etc.) mais efficace. Bien sûr ils sont beaux ils sont riches ils règlent un peu leurs comptes, bien sûr ils sont américains et tout leur sourit ou presque et ça ne me fait pas rêver du tout. C'est tellement convenu tout cela.
Mais ça fonctionne, puisqu'on va au bout, très vite même. Le côté glamour un peu forcé à renfort de clichés sonne la nouvelle vague du thriller romantique, et j'aurais pu dire que finalement ça avait au moins le mérite d'être convenablement ficelé, si l'auteur n'avait ajouté ce dernier chapitre en guise d'épilogue, d'une niaiserie sirupeuse qui frôle le ridicule. Un cliché de plus pour les âmes romantiques ?
Ce n'est pas si mauvais en soi, non, ça ne m'apporte pas grand chose. Je n'ai pas ri ni tremblé ni souri ni pleuré, je n'ai pas eu l'envie soudaine de lire tout l’œuvre de l'auteur, et peut-être que le quai de gare est une bien belle idée : le temps d'un voyage pour passer le temps, et on le laisse au voyageur suivant.
L'avis éclairé du nouvel obs (n° du 3 mai 2012)
XO éditions, avril 2012, 385 pages, prix : 21,90 €
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Crédit photo couverture : © Sophie Griotto et XO éd.