Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre – Ruta Sepetys
traduit de l'anglais (américain) par Bee Formentelli
Lina, 15 ans, a un avenir prometteur dans le dessin, art pour lequel elle excelle, quand elle est arrêtée avec sa mère et son jeune frère un jour de juin 1941, dans leur ville de Lituanie. Son père, doyen d'université, a disparu depuis la veille. Comme beaucoup d'autres habitants des pays baltes, ils sont déportés par le NKVD, la police secrète soviétique.
Le roman est l'histoire aussi forte que dramatique de leur déportation en Sibérie, de leur lutte pour survivre dans le kolkhoze où ils sont exploités, puis de leur déplacement dans un autre camp de travaux forcés au Pôle Nord. Les parallèles avec les camps nazis sont évidents, les déportations inhumaines en wagon à bestiaux surchargés, sans nourriture et sans hygiène aussi. On ne peut parfois s'empêcher de penser (et c'est terrible) que l'on sait déjà tout cela, la littérature ne manque pas sur ce sujet. L'angle est différent, peut-être a-t-on un peu moins de témoignages sur les purges staliniennes effectuées sur les Lituaniens, et il en ressort néanmoins que le roman est très bien construit, laissant apparaître même au plus sombre de l'horreur, une lueur d'humanité.
Publié dans une collection destinée à des adolescents, on ne peut qu'approuver l'intelligence historique d'un tel roman, fictif mais largement documenté, et il va sans dire qu'il peut être lu bien au-delà de l'adolescence. Toutefois, je ne partage pas le « coup de coeur » souvent rencontré sur les blogs et le net pour ce roman, peut-être pour son côté « déjà vu », ce qui pose aussi la question délicate de la part romanesque que l'on peut créer sur un tel sujet. Document ou fiction, histoire ou Histoire ?
Gallimard, coll. Scripto, octobre 2011, 423 pages, prix : 14,20 €
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Crédit photo couverture : © « photo de la pousse » iStockphoto.com /Smit / et éd. Gallimard.