La planète maths - Gisèle Bienne
Mathilde est gauchère
mais avant son entrée au CP, sa mère la force à « contrarier sa nature » pour la rendre droitière. Mathilde obtempère à contre cœur et c’est le début des ennuis et des difficultés
en maths. Autant Mathilde aime les mots et composer avec, autant elle a du mal avec les maths, elle se dit « amatheuse ». Joli mot juste construit avec un a privatif.
Mathilde nous raconte son parcours de son entrée en CP à son entrée en 6ème, ses tourments intérieurs, les adultes en qui elle n’a pas confiance (surtout ses parents !), ses relations avec ses frères, le grand matheux et le petit plus fragile, son copain de classe Samuel, le maître qu’elle aime un peu en secret (à quelle époque est-on pour que le maître la choisisse pour aller lui acheter ses cigarettes après l’école et lui laisser la monnaie ? certainement pas de nos jours !)… mais si le récit intime est apaisé, égayé d’un poème de Jacques Roubaud qui rythme les chapitres, tout cela me semble un peu vain et ne va pas plus loin. La colère entrée, le théâtre d’ombres avec les mains, les dialogues avec Peter Pan pour se libérer un peu de ses tourments intérieurs, Mathilde est intelligente et réfléchie, malgré toutes les qualités de ce roman du sentiment intérieur, je suis déçue par ce livre, qui ne me semble pas aller au bout de ses idées (l’absurdité qui consistait à contrarier les gauchers sous prétexte qu’il y aurait des bonnes et des mauvaises mains, l’incompréhension dans la relation parents-enfants ? , l’impuissance à supporter d’être nul en maths sans pouvoir agir (et avec ou sans lien à la latéralité contrariée ?), la toute-puissance des filières scientifiques ? Je ne comprends pas bien où l’auteur voulait réellement en venir, et cela m’a un peu gênée de rester sur cette faim (fin).
Je ne résiste pas à l’envie de citer le joli poème :
« Quand on est chat on n’est pas vache
On ne regarde pas passer les trains
En mâchant les pâquerettes avec entrain
On reste derrière ses moustaches
(quand on est chat, on est chat)
Quand on est chat on n’est pas chien
On ne lèche pas les vilains moches
Parce qu'ils ont du sucre plein les poches
On ne brûle pas d'amour pour son prochain
Quand on est chat on n’est pas chien
On passe l'hiver sur le radiateur
(Quand on est chat, on n’est pas chien).
On passe l'hiver sur le radiateur
A se chauffer doucement la fourrure
Au printemps on monte sur les toits
Pour faire taire les sales oiseaux
On est celui qui s'en va tout seul
Et pour qui tous les chemins se valent
(Quand on est chat, on est chat). » - Jacques Roubaud
(roman à partir de 10 ans)
L’école des loisirs, coll. Neuf, septembre 2012, 152 pages, prix : 9,20 €
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Crédit photo couverture : © Séverin Millet et éd. L’école des Loisirs