Le faire ou mourir - Claire-Lise Marguier
Damien Decarolis, Dam DeCaro (dame de carreau ?!), 16
ans, était un jeune plutôt craintif et renfermé, jusqu’à ce qu’il rencontre Samy, qui illumine ses journées, par son écoute et son amitié. Dam est un peu la tête de turc du lycée, régulièrement
victime de la bande de skateurs, et ça met Samy en rogne. Samy et sa bande, vêtus de noir, piercings, eyeliner noir… tout cela ne plaît guère aux parents de Damien.
Dam est un jeune en souffrance, qui n’a trouvé comme réconfort que l’automutilation, par des scarifications quotidiennes.
Un récit sombre et trouble qui nous plonge en apnée dans la vie de Dam, et dans le manque de communication et l’incompréhension entre ses parents et lui. Là où ils ne voient que mauvaises influences et peur de l’homosexualité, Dam ne voit que douceur et mieux-être. La pression monte jusqu’à cette fin si terrible, atroce, mais logique et évidente. Une énorme claque pour le lecteur qui en reste anéanti un moment. Et puis ce n’était pas la fin, le texte reprend, offrant une autre fin plus optimiste.
J’aime cette littérature jeunesse-là, forte, engagée, dérangeante, qui laisse son lecteur étourdi et mal à l’aise. J’aime moins cette fin alternative. Un peu comme si l’auteur me laissait le choix : d’un côté une fin terrible, noire, sans espoir, (souvenez-vous de la polémique dans une autre collection chez un autre éditeur jeunesse), et de l’autre, une fin plus optimiste, celle que s’imposent beaucoup d’éditeurs jeunesse face à lectorat adolescent qu’ils jugent fragile par définition.
Et moi je n’aime pas avoir le choix, ça ne m’intéresse pas en lecture. Pour moi la première fin me convenait donc très bien et la seconde affadirait presque le texte. Mais ce qui est amusant, c’est que d’autres lecteurs n’ont pas eu cette impression du tout : ce que je prends pour une fin alternative, ils l’ont pris pour un rebondissement du roman : non c’était juste un mauvais rêve, ça ne pouvait pas finir comme ça, c’était juste un rouage de l’intrigue, mais la vraie fin, la seule et unique, c’est bien la dernière.
Mais moi je doute, et c’est là qu’on rêve tous de poser la question à l’auteur !
Mais surtout, je ne veux pas qu’on me laisse le choix de prendre celle qui m’arrange.
(D’autant que là, celle qui m’arrange, c’est la pire, celle qui ressemble aux faits divers de la télé)
En tous les cas, pour un premier roman, c’est un coup de maître : tout y est maîtrisé, effroyable et sensible, et indéniablement marquant.
Rouergue, septembre 2011, 102 pages, prix : 9,50 €
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Crédit photo couverture : © Dorothy-Shoes et éd. du Rouergue