Norlande - Jérôme Leroy
Dans un pays scandinave imaginaire nommé Norlande (mais qui ressemble fortement à la Norvège), la jeune Clara Pitiksen est prostrée dans sa chambre d’hôpital depuis huit mois. Quel est donc cet « événement » qui l’a traumatisée à ce point ? Qui est « l’Autre » qui semble être le personnage impliqué dans le drame ?
Clara tente d’écrire ce qui s’est passé dans un cahier, qu’elle adresse à sa meilleure amie Émilie, correspondante française du même âge, qu’elle a rencontrée de nombreuses fois.
À travers son récit empreint d’une forte tension, c’est la tuerie du 22 juillet 2011 sur l’île d’Utoya, en Norvège, que l’auteur décrit. Mais pourquoi Clara se sent-elle à ce point coupable ? L’avancement de Clara dans sa « guérison », dans sa capacité à s’exprimer enfin nous donnera toutes les clés.
Une mise en fiction intéressante et intelligente d’un événement qui avait ému la communauté européenne et au-delà, et qui démont(r)e de manière très réussie la manipulation, la violence, la montée en puissance du racisme dans des pays qui s’en croyaient encore à l’abri, la folie sans limite de certains partisans de l’extrême droite, et qui donne à voir aussi l’engagement des jeunes, adolescents et jeunes adultes, engagement citoyen, politique, dans la lutte contre la haine et les persécutions.
Le récit au féminin est tout simplement attachant, et si des références sont faites à un roman précédent dans lequel apparaissait déjà la française Emilie (la grande môme, 2007, que l’éditeur réédite pour l’occasion), Norlande peut tout à fait être lu indépendamment.
Voilà une littérature jeunesse comme je l’aime, intelligente et engagée, ouvrant à la réflexion tout en restant romanesque. (Et la mère de Clara, ministre des affaires étrangères, on se croirait dans la série Borgen, et l’auberge Sjöwall au pied du mont Wahlöö, amusant clin d’œil aux auteurs suédois Sjöwall et Wahlöo, …)
Syros, coll. Rat noir, mars 2013, 146 pages, prix : 14 €
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Crédit photo couverture : © Getty / Don Farrall et éd. Syros