Rupture - Simon Lelic
Traduit de l’anglais par Christophe Mercier
Ça commence comme un sombre fait divers : un jeune enseignant ouvre le feu en pleine réunion, tue trois élèves et un enseignant, avant de retourner l’arme contre
lui. Drame de la vie moderne comme on semble en voir de plus en plus aux infos, diront certains. L’affaire est claire : le meurtrier est identifié, et il s’est donné la mort. Ce n’est
pas l’avis de Lucia May, enquêtrice qui essaie de comprendre pourquoi Samuel Sjajkowski, ce jeune prof d’histoire, en est arrivé là. Et ce qu’elle va entendre
(le roman est pour beaucoup constitué de transcriptions d’auditions de témoins, livrées telles quelles, dans leur expression naturelle proche de l’oralité et propre à chaque personne interrogée),
ce qu’elle va entendre donc, fait froid dans le dos. Harcèlement, acharnement, persécution, on ne peut qu’avoir envie de se révolter pour faire entendre la
vérité. Mais que faire quand un chef d’établissement étouffe et couvre les faits pour ne pas faire de vagues, histoire de ne pas manquer de subventions ?
Parallèlement à l’enquête que ses supérieurs tentent tout autant d’étouffer au plus vite, c’est la situation de Lucia qui est mise à jour, entourée dans son quotidien professionnel de collègues et d’un supérieur tous misogynes, qui n’hésitent pas à user d’intimidation et d’atteintes sur sa personne.
Des faits « divers » proprement abominables qui dénoncent à quel point également notre société va mal, à travers la violence scolaire et des subversions intolérables. Pour son premier roman, Simon Lelic a frappé très fort !
Ils l’ont aimé aussi : Hannibal le lecteur, Ankya, Yv, mlle curieuse, …
Ed. du Masque, avril 2010, 304 pages, prix : 19 €
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Crédit photo couverture : © WE-WE et éd. du Masque