Sukkwan Island - David Vann
Traduit de l’américain par Laura Derakinski
Il n’est plus guère utile de présenter ce livre tant il a fait parler de lui à sa sortie en janvier 2010, et quand je l’ai abordé, je savais à peu près ce qu’on en disait partout : inoubliable, bouleversant, noir, dérangeant, un renversement de situation vers le milieu du livre, incroyable, le truc qui fait dire que c’est un grand roman. Voilà ce que j’en avais entendu.
C’est donc (on va faire bref) l’histoire d’un père (Jim) qui emmène son fils de 13 ans (Roy) sur une petite île au Sud de l’Alaska (Sukkwan Island, donc), pour y faire un break loin de toute agitation, réapprendre à se connaître l’un l’autre (divorcé, Jim ne voit plus guère son fils), et vivre simplement au plus près de la nature. Une fois déposés par un hydravion avec quelques vivres de base, c’est parti pour l’aventure de nos deux Robinson sur leur île.
On suit donc leurs péripéties quotidiennes : chasser et pêcher pour se nourrir, construire un fumoir et une réserve pour l’hiver, stocker du bois pour le feu, etc. Dieu que c’est long et barbant. La chasse et la pêche, ça va bien cinq minutes, mais je commençais à m’ennuyer ferme. Je commençais même à me demander si je n’avais pas loupé le renversement extraordinaire tant annoncé, parce que j’avais atteint la moitié du livre et rien vu d’exceptionnel sinon un père paumé, qui n’a pas vraiment préparé son truc, et qui serait plutôt dépressif sévère. J’ai hésité à abandonner mais quand même, il fallait que je le trouve, le point renversant de cette deuxième partie. Effectivement on ne peut pas le louper : soyez prévenus, il se produit page 113, tenez au moins jusque là. A partir de là, oui c’est logique, ça tient la route, une route qui s’assombrit et qui devient parfois pénible à lire (cette fois dans ses descriptions horribles) mais voilà, je ne peux pas crier au chef-d’œuvre parce que ce que j’en retiens surtout, c’est l’ennui préalable, la longueur répétitive de la première partie, et puis finalement, on se doute bien que ça ne peut finir que comme cela, une deuxième partie dans la logique des choses. Est-ce si extraordinaire que cela, si dérangeant que cela?
Les avis sont partagés sur ce roman (entre la grande majorité qui a beaucoup aimé, et ceux qui n'ont pas aimé, soit parce qu'ils l'ont trouvé trop glauque, soit parce qu'ils se sont ennuyés), et je fais de toute évidence partie de ceux qui n’en resteront pas si marqués que cela !
Ed. Gallmeister, coll. Nature writing, 191 pages, prix: 21,70 €
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Crédit photo couverture : © Bill Curtsinger / National Geographic / Gettyimages / et éd. Gallmeister