Les jardins d'Hélène

Un père en colère - Jean-Sébastien Hongre

30 Mars 2013, 10:47am

Publié par Laure

un-pere-en-colere.jpgStéphane, séparé de sa femme, revient dans leur maison suite à un appel de celle-ci : elle n’en peut plus de la violence de leurs enfants, deux grands adolescents qui ont pris le pouvoir dans leur vie, victimes et bourreaux de la drogue, dealers, caïds de banlieue.

À bout, Nathalie décide de partir mais est victime d’un très grave accident de la route. Hasard ou tentative de suicide ? C’en est trop pour Stéphane, qui exprime son impuissance, son désarroi et sa colère dans un blog « un père en colère ».

L’anonymat ne fait pas long feu et la télé-réalité avide de voyeurisme s’empare de ce bon coup médiatique….

Beaucoup de points intéressants dans ce roman, mais beaucoup d’aspects agaçants aussi, maladroits peut-être.

Fred et Léa, les enfants, sont en fait de jeunes adultes, tous deux majeurs, ils ont pris possession de la maison familiale où ils tolèrent la présence cloitrée de leur mère. À aucun moment l’auteur ne donne leur âge (ou alors j’ai raté quelque chose), vers la fin seulement il indique qu’ils sont majeurs, cela m’a gênée dans ma lecture, car j’avais du mal à situer Léa.

Le récit se veut d’un réalisme ultra violent, tant dans les propos que dans les faits, on a l’impression de regarder un énième reportage sur les banlieues à feu et à sang. C’est une réalité, livrée ici brute dans sa kyrielle de clichés, comme un condensé du pire directement plaqué là, pas de demi mesure. Parents dépassés, certes, mais à ce point…

Ce qui m’a semblé le plus intéressant, c’est la description des médias, l’utilisation et la manipulation faite par ces derniers. Réaliste, toujours, mais si peu compris par tous ceux qui se gavent de cette télé-là, y compris au JT de 13h…

L’ensemble est un peu trop manichéen, bien sûr ça finit bien et bien sûr il y a un gentil Kamel, étudiant en prépa maths sup qui travaille comme il peut dans sa chambre de bonne, tout en connaissant sur le bout des doigts toute l’organisation des dealers, les planques, et tout. Il fréquente ce monde-là mais a su rester « clean ». Bon sentiment mais une implication qui reste assez peu crédible dans sa présentation. Trop d’écart entre la violence et les « gentils ».

Un roman de société qui a eu du mal à trouver son chemin entre fiction (mais y est parvenu) et essai documentaire. Une réflexion sur la difficulté d’être parents aujourd’hui, quelques pistes soulevées sur les causes liées à notre société en mutation, abordées mais pas creusées, là encore toute la difficulté entre le débat et le roman.

Je reste donc assez perplexe : peut-être trop de clichés et pensées toutes faites plaquées sur une trame romanesque, un débat esquissé qui ne réussit pas à trouver la bonne place dans le récit, des scènes surréalistes qui côtoient la bienséance sans que personne ne s’en émeuve jamais vraiment, comme un flottement qui cherche à interpeller dans un monde en perdition.

 

(Lu sur épreuves non corrigées non mises en page proposées par Amazon dans le cadre de son club testeurs, mon commentaire porte donc sur cette version, j’ignore si hormis les corrections d’usage (orthographe, etc.) des modifications de fonds ont été apportées ou non.)

 

Max Milo, mars 2013, 250 pages, prix : 18 €

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Crédit photo couverture : © éd. Max Milo

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