Un souffle, une ombre - Christian Carayon
Été 1980, dans un village du sud du Massif Central. Quatre amis, deux filles, deux gars, jeunes adolescents, obtiennent la permission de leurs parents d'aller camper sur l’îlot du lac de basse-Misère. Ils seront de retour le lendemain matin à 10h, promis juré. Le lendemain, c'est une vraie boucherie que les parents découvriront, une seule survivante, dans le coma puis atteinte à vie au point de ne pouvoir parler, et les trois autres enfants assassinés et atrocement mutilés.
Marc-Edouard Peiresoles, professeur d'histoire à l'université de Toulouse, avait 10 ans à l'époque, et ce drame l'a marqué énormément, une peur insidieuse profondément ancrée en lui pendant de longues années. Même si un homme a été arrêté, certains le pensent innocent, et Marc-Edouard va se replonger dans l'enquête avec notamment l’abondante documentation d'un journaliste de l'époque.
Le prologue annonce la fin du roman (ou du moins le pense-t-on à ce moment-là), il s'agit donc d'un whodunit classique, où on va dérouler les éléments pour arriver au résultat : pourquoi et comment ?
Le récit est à la première personne quasi tout le long, et s'attache à décrire avec précision les lieux, les personnages, les intrigues secondaires (la vie universitaire et amoureuse du personnage principal). Si c'est intéressant et bien construit, ça n'en est pas moins interminablement long. J'ai failli abandonner ma lecture, et me suis accrochée parce que d'autres lecteurs annonçaient une deuxième moitié plus dynamique. Roman d'atmosphère, qui prend son temps, trop sans doute. On est tenté de survoler, on ne sait plus trop qui est qui, et le ressort tant attendu semble un peu sorti de nulle part. Soudain à la 3ème personne, il vient casser le rythme mais soit j'ai lu trop vite ce qui précédait, soit je n'ai pas compris comment Marc-Edouard en arrivait là, à ce récit extrêmement précis des faits. Comme il rétorque à un professeur qui met en cause ses théories sur la morale des soldats pendant la guerre 14-18, quand on n'a pas de documents l'attestant, on imagine.
Cette fin est-elle satisfaisante pour autant, que remet-elle en cause si ce n'est la paix intérieure retrouvée du narrateur ?
Si l'ensemble est bien fait malgré tout, je ne peux que regretter mon ennui à la lecture, mon envie de sauter des pages, de secouer le coco comme dirait … Au moins je ne peux lui reprocher cette surenchère de rebondissements tous plus invraisemblables les uns que les autres que je trouve souvent dans les thrillers contemporains, mais on est ici un peu à l'autre extrême. Dommage.
Fleuve noir, avril 2016, 552 pages, prix : 20,90 € (14,99 en numérique)
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Crédit photo couverture (fort jolie d'ailleurs) : © éd. Fleuve noir