La nuit, la mer n’est qu’un bruit - Andrew Miller
Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par David Tuaillon
L’histoire commence quasi banalement : Maud, une jeune étudiante, chute sur un bateau, Tim, un jeune homme prend soin d’elle, et l’on assiste à la naissance lente d’un couple. Il est artiste, elle est scientifique, ils deviennent parents d’une petite fille.
J’ai aimé d’emblée ce roman, le caractère taiseux de Maud, son retrait, son entourage semble avoir du mal à communiquer avec elle, et pourtant le lecteur entre en empathie avec elle (enfin ce fut mon cas !) Elle s’épanouit dans la restauration d’un bateau et la navigation, c’est son domaine, bien plus que celui de Tim, qui gère le quotidien familial.
Quand survient le drame, évoqué avec pudeur, Tim perd pied et se réfugie chez ses parents. Il ne parvient plus à communiquer avec Maud. Celle-ci ne semble pas affectée outre mesure par l’accident qui vient de les frapper, mais elle suivra son propre chemin de croix. Déterminée, elle partira seule en mer et affrontera les éléments déchainés, la difficulté de naviguer seule, la solitude dans des conditions extrêmes.
A ce moment du voyage, le récit devient plus technique, le vocabulaire lié à la marine et à la navigation est omniprésent, trop peut-être. Mais l’envie de connaître le dénouement est si fort que l’on passe outre ce petit désagrément.
Maud se reconstruira, transcendera sa souffrance si longtemps intérieure, et la fin laisse entrevoir un espoir.
Un roman magnifique, par la force de son personnage féminin et le chemin hors norme choisi. Une très belle découverte.
(p.149/301) « Nous avions l’habitude dans la famille de parler pas mal de vous. Ça vous surprend ? Deux écoles de pensée, en réalité. Pour l’une, vous étiez une fille brillante, un peu timide, un peu gauche, un peu hors du monde, mais dans le fond très bien. L’autre école, assez importante, vous réduisait à quelqu’un d’insensible, entièrement égocentrique et pas vraiment très bien du tout. Une chose sur laquelle les deux tombaient d’accord, c’était qu’être une mère ne vous intéressait pas le moins du monde.
- Ce n’est pas vrai.
- oh, je pense que si. Je n’ai jamais vu la plus petite marque d’un quelconque instinct maternel. Je ne veux pas dire que vous étiez cruelle. Il aurait fallu un minimum d’engagement pour ça, un certain effort d’imagination. Non, non. Vous faisiez piteusement ce que vous pouviez. Mais il manquait quelque chose. Quelque chose de fondamental. Vous cherchiez à l’atteindre et ce n’était pas là, tout simplement. »
(à paraître le 24 août 2017)
Piranha, août 2017, 304 pages, prix : 19,00 €, ISBN : 978-2-37119-059-7
Existe en numérique au prix de 12,99 €
Crédit photo couverture : © éd. Piranha