Petite maman - Halim
Petite maman est le récit noir d’une enfance maltraitée.
Devenue adulte, Brenda consulte un psychiatre à qui elle déroule le fil de son enfance. Comment sa mère s’est retrouvée enceinte d’elle à l’âge de 15 ans, comment immature et esseulée elle n’a pas pu ni su l’élever, autrement que dans la violence et les coups.
Partagée entre sa mère et sa grand-mère, Brenda ne connait que la brutalité et l’absence d’amour pour grandir. Malgré tout, elle est « la petite maman » de sa mère, prenant soin d’elle à chaque effondrement. Enceinte à nouveau, un nouveau compagnon partage leur vie, mais il n’est que le nouveau maillon d’une violence plus terrible encore. L’engrenage est sans fin, la terreur culmine.
Pourtant Brenda s’exprime aujourd’hui, malgré l’échec de l’assistante sociale qui avait tenté d’aider à l’époque, c’est donc qu’il y a une lueur d’espoir et de résilience. Heureusement.
Le récit est habilement construit entre celui des personnages secondaires qui s’imbrique dans celui, central, de Brenda, avec un mélange des temps aisé à reconnaître. Toutes les formes de cases sont utilisées pour traduire en dessin le mouvement de la violence, le chaos de la destruction morale et physique.
L’ensemble est noir, sombre, très sombre, décrit ce qu’il y a de plus vil chez l’être humain, la lecture est éprouvante mais néanmoins nécessaire. On pense à l’affaire Marina ou à d’autres cas de violences sur enfants, on mesure l’impuissance des services sociaux, mais on espère avec Brenda qu’un adulte violenté dans son enfance ne deviendra pas nécessairement un parent violent.
p. 91 : « Vous n’aviez pas d’autre choix que de vous enfuir, Brenda. Il en allait de votre survie. C’était ça ou mourir ».
Indispensable.
Dargaud, septembre 2017, 191 pages, prix : 19,99 €, ISBN : 978-2-5050-6710-8
Crédit photo couverture : © Halim et éd. Dargaud.