Ta vie ou la mienne – Guillaume Para
Hamed Boutaleb a perdu sa mère à la naissance. Il a grandi à Sevran, en Seine Saint-Denis, avec son frère Faouzi, de sept ans son aîné, et leur père.
Son frère meurt à l’âge de quinze ans, victime de la guerre du shit, leur père meurt d’un cancer du foie lorsqu’Hamed a treize ans. Il est donc recueilli par son oncle Tarek, qui vit avec sa femme et ses trois filles à Saint-Cloud, ville bourgeoise de l’Ouest parisien. C’est là qu’il sera repéré car il est doué au football, et là aussi qu’il tombera amoureux de Léa, une jeune fille de bonne famille, riche et catholique, mais qui n’est pas moins dépressive sévère.
Un incident dramatique viendra compromettre un avenir qu’on aurait aimé voir fleurir.
Peut-on sortir de son milieu d’origine ? Si les débuts du roman sont un peu binaires, avec un concentré de clichés sur la violence du 9-3 et la banlieue huppée côté St-Cloud qui peuvent agacer (facilité ?), les personnages sont néanmoins extrêmement attachants. Le père de son ami François, Pierre Villeneuve, est drôle, bienveillant, tendre, mais jure comme un charretier alors qu’il interdit aux enfants de le faire. Il est le premier avec l’oncle Tarek à mettre de la douceur dans la triste vie d’Hamed.
Souvent trop manichéen dans son développement, l’équilibre global se fait néanmoins entre violences (en prison notamment) et sentiments. Les émotions sont bien réelles et on ne peut s’empêcher d’être touché par les personnages.
Une lecture au final très agréable et qui fait du bien, malgré une certaine noirceur, grâce notamment à une palette riche de personnages secondaires. On fermera les yeux sur quelques facilités qui servent l’intrigue, la scène du procès notamment est d’une simplicité trop vite expédiée pour être crédible, mais on veut bien avaler des couleuvres pour sauver Hamed et Léa !
On ne peut que souhaiter à l’auteur par ailleurs journaliste (c’est son premier roman) de poursuivre dans la voie de la fiction, nul doute qu’il écartera vite les quelques maladresses de cet opus.
(Le livre m’a été envoyé gracieusement par l’auteur, comme à tous les blogueurs qui l’ont chroniqué semble-t-il. Cela n’enlève rien à l’honnêteté de mon propos.)
Éditions Anne Carrière, février 2018, 194 pages, prix : 17 €, ISBN : 978-2-8433-7889-7
Crédit photo couverture : © Anne Carrière