A Juliette – Fabienne Le Clauze

Fabienne Le Clauze, mariée, est mère de trois filles : Emma(nuelle), Camille, et Juliette. Juliette a quatorze ans lorsqu’elle met fin à sa vie en se jetant sous un train le samedi 2 janvier 2016.
Comment survivre à la mort de son enfant ? Comment se reconstruire après la mort de son enfant ?
Ce récit est celui d’une mère après le drame, forcément touchant, bouleversant, éprouvant. Il n’est pas dans l’ordre des choses pour un parent de perdre son enfant. Face à un suicide, la culpabilité est maîtresse, même si tout un chacun tente de vous expliquer que non, vous n’êtes pas coupable.
Le témoignage de cette maman est sans fard, elle ne cache rien de sa perdition, d’avoir délaissé ses deux filles ainées, de s’être éloignée de son mari, comme coupée du monde et de toute sensation autre que sa douleur insurmontable.
C’est par des échanges avec le journaliste Patrick Poivre d’Arvor (qui a perdu sa fille Solenn dans les mêmes conditions) et plus tard des ateliers d’écriture, qu’elle parviendra peu à peu à reprendre le dessus et publiera ce témoignage, à valeur thérapeutique. Il accompagnera sans aucun doute tous les parents qui ont vécu un tel drame. C’est aussi une façon de garder Juliette toujours vivante dans les cœurs.
p. 155 : « « C’est le début d’un long travail d’écriture qui donnera naissance à ce témoignage. Aline B. m’encourage aussi, je vais donc poursuivre avec le stage autobiographique, puis d’autres modules. Je ne vais écrire que sur toi, ma Juliette. Je vais en verser des larmes, encore et encore, relire, travailler. Mais, toujours avec toi ! »
J’ai été émue surtout au début du livre, j’ai suivi son parcours au cours duquel c’est surtout le temps qui allège à peine un peu la peine, compris son besoin viscéral de connaître le plus de détails, le chemin différent de son mari, les souffrances avouées plus tard des filles aînées, mais j’ai été un peu agacée aussi parfois (un certain niveau de vie à Rambouillet entre psychiatres, leçons de piano et club d’aviation, les enfants précoces à haut potentiel, les échanges avec Patrick Poivre d’Arvor qui signe une très courte préface – puissent les mères éplorées qui ne sont pas nées du même côté de la barrière trouver les mêmes appuis et la même force par l’écriture ?)
Un récit tragique et vrai.
Flammarion, mai 2018, 236 pages, prix : 18 €, ISBN : 978-2-08-143166-9

Crédit photo couverture : © Ackleyroadphotos/iStock et éd. Flammarion