Sous ta peau, le feu – Séverine Vidal
Bordeaux, 1764. Ange, dix-sept ans, accompagne son père au chevet des malades pour apprendre la médecine. Une épidémie de variole sévit et fait de nombreux morts, c’est d’ailleurs le cas dans la famille d’Esmée, qui a perdu en peu de temps son père, son frère et ses sœurs. Sa mère, Isabeau de Montaigu, veut protéger à tout prix sa fille en la faisant « inoculer ». On en est aux prémices de la vaccination. Mais déjà on applique les protocoles qui nous seront familiers lors de l’épidémie de Covid : porter un masque (en tissu au XVIIIe siècle), se laver les mains, aérer, isoler, se tenir loin. Sorti en 2021, ce roman a forcément une résonance particulière, tissant son lien d’une épidémie à l’autre.
Mais c’est aussi et surtout une belle histoire d’amour, un amour impossible entre Ange et Esmée, et pourtant si fort et si délicieusement décrit. Sans trop en dévoiler (le livre cache un ressort qui change bien des perspectives), l’autrice s’est voulue engagée aussi sur les droits des femmes, à tous points de vue. Le roman est d’ailleurs bien précurseur pour les mœurs de l’époque, et la tolérance et l’ouverture d’esprit du père d’Ange en font un personnage bien admirable. Une telle évidence est encore loin d’être la norme deux siècles et demi plus tard.
Classique dans sa construction et son intrigue que l’on devine (mis à part la surprise centrale que je n’avais pas vu venir), on s’attache aux personnages ; le petit côté historique mis en perspective avec notre quotidien sous Covid apporte un vrai intérêt.
Dès 13 ans, lecture facile, texte et mise en page aérés. (Et superbe couverture 😉)
Nathan, août 2021, 283 pages, prix : 14,95 €, ISBN : 978-2-09-249038-9
Crédit photo couverture ; © Cécile Becq et éd. Nathan.