Corpus Christine - Max Monnehay
Prix du Premier Roman 2006
D’abord, la genèse de ma lecture : j’avais sélectionné ce livre dès le mois de juillet pour mes achats de rentrée littéraire, tant les critiques le sortaient du lot. Mais comme à chaque vague d’achats, je m’empresse de les mettre à disposition des lecteurs, et ne les lis souvent que bien plus tard ! (Littell ayant 4 ou 5 réservations, je ne suis pas près de mettre la main dessus). Mercredi dernier, une bénévole rapporte ce livre et nous fait part de son désarroi : elle a été complètement déstabilisée, n’a pas compris où l’auteur voulait en venir, s’est perdue dans le mélange des temps – les retours en arrière, les anticipations – et semble très déçue par sa lecture. Déçue mais curieuse : en tout cas elle nous en parle avec tant de questionnement que l’on a immédiatement envie de le lire, tout en admettant que son résumé ne fait pas envie ! (bon j’sais pas si vous suivez !). Du coup, bien que croulant déjà sous les piles, je l’embarque chez moi.
Qu’en est-il de ce corpus Christine ? L’auteur, sous pseudo masculin, est une toute jeune et jolie femme de 25 ans, et il s’agit-là de son premier roman. Le narrateur est un homme, marié, qui se trouve séquestré par sa femme, et vit allongé par terre, et il ne peut se déplacer qu’en rampant. Quelle haine peut bien habiter sa femme pour qu’elle le laisse croupir ainsi sans le nourrir ? Car plus elle devient obèse, plus elle affame son mari. Pourquoi ? J’avoue que le premier tiers du roman est excellent, j’ai beaucoup aimé cette histoire intrigante et dérangeante, hors du commun, espérant trouver au fil des pages des réponses à toutes les questions soulevées. Puis vers le milieu du livre, on s’enlise dans un récit ennuyeux et répétitif. Qui n’apporte pas grand-chose à l’histoire. Long et répétitif. La fin à nouveau est très bonne, et j’attends d’en discuter avec d’autres lecteurs, pour voir si j’ai bien compris la même chose qu’eux… Bref, sans ces 70 pages du milieu, on aurait eu un roman original et dérangeant, un coup de poing dans le paysage littéraire, mais au final on a un roman qui me laisse perplexe, inégal et déséquilibré. On a pu lire ici ou là que l’écriture de Max Monnehay tenait de Stephen King et d’Amélie Nothomb : je ne sais pas pour Stephen King (jamais lu !), ça y ressemble pour Amélie Nothomb si l’on retient les situations complètement tordues et le rapport au corps. Dans le dernier et tout neuf magazine des Livres, dans une interview, Max Monnehay se reconnaît un maître en littérature : Chuck Palahniuk. On y croit sans peine.
Albin Michel, août 2006, 226 p. ISBN 2-226-17334-X, prix : 15 €
Ma note : 2/5