Les jardins d'Hélène

Back in town, tome 1 : gloire aux trottoirs ! – Anne Baraou (scénario) et Nicolas Hubesch (dessins)

7 Mai 2010, 10:45am

Publié par Laure

Je vous parlais hier d’une BD façon “retour à la terre”, et bien voici son exact contraire : back in town !

 

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Marc et Andréa, avec leur petite Mona, reviennent à la ville (Paris plus précisément) après 5 ans passés à la campagne. Dès la sortie du TGV, c’est l’explosion du bonheur : yep, du monde partout, tous les moyens de transport qu’on veut, des escalators en pagaille, retour à la civilisation ! Et surtout, pensez-donc, il y a des trottoirs ! Plus besoin de salir ses talons de chaussures dans la bouillasse campagnarde, ni son entrée à la maison ! Gloire aux trottoirs ! (c’est le titre de ce 1er volume). Bien sûr, le jeune couple va rapidement déchanter : avec l’argent de la vente de leur maison de 200 m² et de leur terrain de 3000 m², ils espèrent pouvoir acheter un appartement de 100 m². Le vendeur leur rit très vite au nez, tout juste peuvent-ils espérer 25 m² ? Qu’importe, ils ne se laissent pas abattre et se tournent vers la location. Vous ne voulez pas de rez-de-chaussée ? Pourtant votre maison à la campagne, c’était un rez-de-chaussée non ? De son côté, la petite découvre sa nouvelle école (et les différentes langues maternelles de ses camarades), le parc du coin où elle se fait très vite plein de copines : « maman ! J’ai déjà deux copines ! Une marron et une qui à sa mère déguisée en fantôme ! », Andréa s’interroge elle sur la mode qui a bien changé depuis 5 ans, il va falloir se remettre à la page ! Marc peine à reprendre ses marques dans son job de journaliste et fait pas mal de cauchemars, allez, courage, Paris c’est les sorties quand on veut, les copains à toute heure, et l’agendite aiguë.

C’est donc l’anti-retour à la terre par excellence, sauf que voilà, l’intrigue journalistique est un brin embrouillée, les critères qui font la ville sont bien entendu connus (comme ceux de la campagne, on est bien d’accord), sauf que là, je n’ai rien trouvé de drôle. Je ne trouve pas non plus de profondeur aux personnages, on ne s’y attache pas, on les regarde se débattre dans leur bocal, sans même un brin d’empathie.

Lors de leur « total town party », Marc et Andréa invitent leurs amis à ouvrir le dernier carton, au contenu « total mystère ». Ils y retrouvent des tapettes à mouche et un sécateur, objets qu’ils peuvent définitivement oublier dans leur appart vue sur boulevard. Oui, mais après ?

 

A suivre sur un tome 2 donc, ou pas…

 

Dargaud, coll. Poisson Pilote, mars 2010, 48 pages, prix : 10,95 €

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Crédit photo couverture : © Baraou & Hubesch / Dargaud

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Un coin de ciel bleu, tome 1 : L’odeur du foin – scénario de Nicolas Jarry, Dessins de Paolo Deplano, couleurs Silvia Fabris

6 Mai 2010, 14:44pm

Publié par Laure

coin-de-ciel-bleu-1.jpg« J’en peux plus de cette ville, Eric ! Fais tes valises, prends ta fille sous le bras, on part vivre à la campagne ! » Ainsi débarquent dans un petit village oublié Eric et Lou, avec leur petite Annaëlle.

Dit comme ça et de prime abord, on a un peu envie de mordre : le coup du retour à la terre, on nous l’a déjà fait, même que c’était très réussi, et que non, on ne peut pas égaler Ferri & Larcenet, et que copier c’est pas beau.

Alors quand le vieux Gilbert et son voisin voient arriver le gros 4 X 4 avec pare-buffle (à parcmètres parisiens ?), face à la maison de la vieille Lanvieuse qui a des allures de la mère Mortemont dans le retour à la terre, on craint le pire. Il faut faire fi de ces a priori, car ce coin de ciel bleu se révèle drôle, caricatural juste ce qu’il faut mais point trop, et le père Eric nous en invente quand même de belles, avec son cochon nain qu’il baptise Elvis et qui n’en finit pas de grossir. Annaëlle sait attendrir les cœurs bourrus des vieux voisins, amadouer sa mère pour ramasser les chats errants, et Eric ne rate pas une gaffe quand il demande à ses voisins endimanchés s’ils vont à la noce : « vous savez monsieur Etxcheveri, ici c’est un pays de vieux, on ne marie plus nos amis depuis un demi-siècle. Non. On les enterre… »

On se surprend à quitter l’album en espérant que le tome 2 arrive bientôt ! La recette n’est pas nouvelle, mais elle fonctionne.

 

Lu aussi (et apprécié) par Joëlle, de la biblio du dolmen

 

Delcourt, janvier 2010, 47 pages, prix : 9,95 €

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Crédit photo couverture : © Deplano et éd. Delcourt

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Un endroit où se cacher - Joyce Carol Oates

3 Mai 2010, 19:55pm

Publié par Laure

Traduit de l’américain par Dorothée Zumstein

un-endroit-ou-se-cacher.jpgJenna, 15 ans, flotte «  dans le bleu » opiacé de l’hôpital, polytraumatisée et seule rescapée d’un accident de voiture dans lequel sa mère a perdu la vie. Cassée de partout physiquement (seuls de forts antalgiques lui permettent de « tenir »), elle est aussi détruite psychologiquement, persuadée d’être responsable de l’accident, croyant avoir vu quelque chose sur la route et avoir donné un brutal coup de volant qui les aurait fait sortir de la route.

Quand vient enfin le temps de la rééducation, le temps de quitter l’hôpital, de se retrouver « dans le vif », sans les dérivés morphiniques, Jenna s’enfonce, refusant de vivre chez son père qui les a quittées il y a longtemps pour refaire sa vie. Bien qu’elle soit chez un oncle et une tante bienveillants, elle ne réussit pas à se rouvrir à la vie, à s’adapter à son nouveau lycée.  Quand un garçon semble s’intéresser  à elle, elle fuit. Méfiante, souffrante, malheureuse, elle va se laisser amadouer par Trina, une ado d’une classe voisine. Commence alors pour Jenna la spirale des mauvaises fréquentations, des abus en tout genre,  de l’autodestruction et de la violence. Se détruire pour se punir, se détruire pur supporter la douleur ?

C’est un cheminement douloureux et violent que décrit Joyce Carol Oates, rien n’est épargné au lecteur de la souffrance de Jenna et des dérives (drogue, alcool, viols) d’une certaine jeunesse. Malgré un début un peu flottant (Jenna émergeant du coma, on ne sait pas très bien où on est, le récit est flou et haché), on s’attache vite au personnage, et on ne peut que compatir à sa terrible situation de l'héroïne qui a perdu sa mère. Malgré la descente en enfer qu’on aimerait éviter, le lecteur saisit la lueur d’espoir dans le personnage de Crow, qui permettra une fin pas totalement désespérée !

Un endroit où se cacher est un roman pour la jeunesse (dès 13 ans) qui n’épargne pas son lectorat, allant au pire des descentes et de la dépression, parlant du deuil et de la solitude, de la violence quotidienne d’un lycée et de quelques groupes, mais qui offre une ouverture positive sur sa fin, ce qui est bien !

 

Les lectures de Marie, cathulu, Clarabel, ...

 

Albin Michel Jeunesse, coll. Wiz, février 2010, 299 pages, prix : 13,50 €

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Crédit photo couverture : © DLILLC/Corbis/ et éd. Albin Michel

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Quand je serai grand... - Flamand Père & Fils

2 Mai 2010, 17:59pm

Publié par Laure

quand-je-serai-grand.jpgAprès les vacances à Saint-Prix, voici le retour des Flamand père & fils pour une suite autobiographique, avec Christian (dit Kiki) au scénario et son fils Julien au dessin.

BD intergénérationnelle, qui plaira aux petits comme aux grands, elle a un doux parfum de nostalgie, puisqu’elle retrace l’enfance de Kiki en 1965 lorsqu’il avait 10 ans. Ses parents prennent alors la gérance d’une magasin d’optique à Auxerre, et Kiki découvre sa nouvelle école. Dès la rentrée, la maîtresse leur demande parmi les renseignements habituels – nom, prénom, profession des parents – ce qu’ils veulent faire plus tard. Chris répond « dessinateur » - « Dessinateur ? Tu veux dire dessinateur industriel ? » - « Euh… non ! je veux faire de la bande dessinée ! comme Tintin, Astérix, Lucky Luke » - « Ah oui ! des petits miquets ! non, mais comme métier ? » Autant dire qu’avec ça, le chemin va être rude, car personne ne veut imaginer que cela puisse être un métier, tout au plus un passe-temps…

 Plongée dans les souvenirs d’enfance des années 60 qui plairont donc aux lecteurs de la même génération, et qui séduiront sans doute les plus jeunes façon « Petit Nicolas », s’ils n’ont pas lu les histoires, ils ont sûrement vu le film. Beaucoup de références dans cet album d’ailleurs, à des livres, des BD, des films, qui auront sans doute besoin d’un échange avec leurs aînés pour être comprises par les enfants, car quel enfant d’aujourd’hui sait ce qu’était le carré blanc à la télévision par exemple ?  Beaucoup d’humour aussi dans l’album, sur les bêtises d’enfant notamment.

S’il elle ne m’a pas séduite plus que cela, (elle est quand même très sympa à lire !), c’est sans doute qu’il ne faut pas attendre de surprise particulière du scénario : c’est autobiographique, ce sont des souvenirs d’enfance, ancrés dans une époque donnée. Et la fin peut laisser entendre qu’il y aura une suite, après tout pourquoi pas.  Comme dans l’album précédent, les dernières pages sont un collage de photos et documents d’époque, sympathiques, mais qui soulignent une fois encore la démarche passéiste de l’album.

Lire les premières pages : ici

Akiléos, février 2010, 50 pages, prix : 14 €

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Crédit photo couverture : © Julien Flamand et éd. Akileos.

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