This is not a love song - Jean-Philippe Blondel
D’emblée, que l’auteur me pardonne. J’ai aimé tous ses précédents romans, certains m’ont bouleversée, et je suis bien la première désolée de ne pas avoir été subjuguée par ce dernier. Ce sont tout simplement des choses qui arrivent… et ça n'engage que moi !
Peut-on aimer un roman dont tous les personnages sont haïssables ?
Vincent, la quarantaine, marié et père de deux fillettes, dirige la chaîne de restaurants les cafés bleus, en
Angleterre, où il vit désormais. Joli revers à son adolescence de loser.
Susan a besoin de faire un break, pas de le quitter non, juste
respirer. Elle l’envoie donc passer une semaine en France, chez ses parents. L’occasion pour Vincent de revoir son frère Jérôme, sa belle-sœur Céline, ses amis de jeunesse, Etienne, Olivier, et
Fanny, son ex…
Vincent est le modèle parfait du mec à baffer : arrogant, imbu de lui-même, prétentieux, vulgaire, mais à force de traiter tous les autres de beauf, on l’est bien davantage soi-même non ? Jusque là, je n’ai pas trop vu où l’auteur voulait en venir. (Euh plus loin non plus d’ailleurs). Descendre en flèche la médiocrité de son passé. Jouer les durs pour taire la faiblesse ?
Malgré tout, retrouver Etienne, le meilleur ami, l’ex colocataire pendant 9 ans, celui qui a tant fait jaser. Vincent nie l’homosexualité, sans en avoir démenti la rumeur, cultive le plaisir du trouble, ambigu. Il dit non mais il en crève d’envie. Pas clair avec son désir. Dix ans après, Etienne est introuvable, les copains sont évasifs et la belle-sœur qui se débat avec sa stérilité se dévoue : viens Vincent, faut que je te parle. La descente en misère d’Etienne, l’ascension du riche pendant que le pauvre se meurt. Est-on responsable pour autant de ses amis quand on ne les voit plus ? Alors à défaut d’avoir baisé Etienne, Vincent baise sa belle-sœur. Là encore, c’est trouble, ambigu, ça se veut violent, c’est seulement pathétique.
p. 198 : « Papa est en haut qui fait du gâteau. Maman est en bas qui fait du chocolat. Le grand frère et sa belle-sœur sont à la cave et baisent dans les betteraves. » Il a fumé quoi Blondel pour écrire ça ?
Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans ce roman. Peut-être parce que Blondel a voulu jouer à ce qu’il n’est pas, un mauvais garçon ?
La presse nous annonçait un roman différent, plus dérangeant. On y retrouve ses fantômes : le trio amoureux sous une forme ou une autre, l’homosexualité latente, mais au lieu de les traiter avec finesse et sensibilité comme dans ses précédents romans, il a fait jouer les gros durs à ses personnages : on cherche midi à quatorze heures et on finit par baiser vulgairement pour étouffer ses démons, au lieu de les affronter. Non, this is not a love song.
Quelques mots de l’auteur : sur le site de Robert Laffont
Robert Laffont, août 2007, 211 pages, prix : 18 €
Ma note : 3/5
Crédit photo couverture : éd. Robert Laffont