Les jardins d'Hélène

This is not a love song - Jean-Philippe Blondel

24 Août 2007, 03:22am

Publié par Laure

result.png D’emblée, que l’auteur me pardonne. J’ai aimé tous ses précédents romans, certains m’ont bouleversée, et je suis bien la première désolée de ne pas avoir été subjuguée par ce dernier. Ce sont tout simplement des choses qui arrivent… et ça n'engage que moi !

 

this-is-not-a-love-song.jpgPeut-on aimer un roman dont tous les personnages sont haïssables ?

Vincent, la quarantaine, marié et père de deux fillettes, dirige la chaîne de restaurants les cafés bleus, en Angleterre, où il vit désormais. Joli revers à son adolescence de loser. 
Susan a besoin de faire un break, pas de le quitter non, juste respirer. Elle l’envoie donc passer une semaine en France, chez ses parents. L’occasion pour Vincent de revoir son frère Jérôme, sa belle-sœur Céline, ses amis de jeunesse, Etienne, Olivier, et Fanny, son ex…

Vincent est le modèle parfait du mec à baffer : arrogant, imbu de lui-même, prétentieux, vulgaire, mais à force de traiter tous les autres de beauf, on l’est  bien davantage soi-même non ? Jusque là, je n’ai pas trop vu où l’auteur voulait en venir. (Euh plus loin non plus d’ailleurs). Descendre en flèche la médiocrité de son passé. Jouer les durs pour taire la faiblesse ?

Malgré tout, retrouver Etienne, le meilleur ami, l’ex colocataire pendant 9 ans, celui qui a tant fait jaser. Vincent nie l’homosexualité, sans en avoir démenti la rumeur, cultive le plaisir du trouble, ambigu. Il dit non mais il en crève d’envie. Pas clair avec son désir. Dix ans après, Etienne est introuvable, les copains sont évasifs et la belle-sœur qui se débat avec sa stérilité se dévoue : viens Vincent, faut que je te parle. La descente en misère d’Etienne, l’ascension du riche pendant que le pauvre se meurt. Est-on responsable pour autant de ses amis quand on ne les voit plus ? Alors à défaut d’avoir baisé Etienne, Vincent baise sa belle-sœur. Là encore, c’est trouble, ambigu, ça se veut violent, c’est seulement pathétique.

p. 198 : « Papa est en haut qui fait du gâteau. Maman est en bas qui fait du chocolat. Le grand frère et sa belle-sœur sont à la cave et baisent dans les betteraves. » Il a fumé quoi Blondel pour écrire ça ?

Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans ce roman. Peut-être parce que Blondel a voulu jouer à ce qu’il n’est pas, un mauvais garçon ?

La presse nous annonçait un roman différent, plus dérangeant. On y retrouve ses fantômes : le trio amoureux sous une forme ou une autre, l’homosexualité latente, mais au lieu de les traiter avec finesse et sensibilité comme dans ses précédents romans, il a fait jouer les gros durs à ses personnages : on cherche midi à quatorze heures et on finit par baiser vulgairement pour étouffer ses démons, au lieu de les affronter. Non, this is not a love song.

 

Quelques mots de l’auteur : sur le site de Robert Laffont


Robert Laffont, août 2007, 211 pages, prix : 18 €

Ma note : 3/5

Crédit photo couverture : éd. Robert Laffont

 

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C
<br /> <br /> Je ne viens pas raviver un débat qui date déjà il y a 3 ans mais simplement comme je l'ai déjà fait pour d'autres livres, apporter mon regard. J'étais partie acheter Le baby-sitter. Ne<br /> l'ayant pas trouvé, j'ai attrapé innocemment un autre volume du même auteur. Et d'emblée, j'ai trouvé le personnage principal, Vincent, profondément antipathique, traitant avec condescendance et<br /> irrespect ceux avec lesquels ils avaient vécu, à l'exception de son ex colocataire. La finale, avec sa belle-soeur, qui se veut être un acte de rachat me paraît pitoyable et plaçant le futur<br /> enfant à naître dans un tissu de lâchetés et de mensonges.<br /> <br /> <br /> Ayant grande confiance dans les critiques de Laure, je lirai Le baby-sitter mais j'avoue avoir été quelque peu refroidie dans ma découverte de l'auteur.<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Il n'y a pas grand chose qui me choque - je crois - en littérature et en général, mais cette scène-là, la conception de l'enfant, je l'ai refusée en bloc. Inacceptable pour moi. Acte d'amour pour<br /> les personnages du roman.<br /> <br /> <br /> Après avoir reçu l'auteur à la bibliothèque, j'ai acheté ce roman (qu'on m'avait sans doute prêté à l'époque) en promettant de le relire. J'ai relu le début, et n'y<br /> ai vu finalement qu'un personnage complètement paumé, peut-être parce que les paroles de l'auteur m'avaient encouragée à changer de regard, je n'étais plus dans le rejet violent comme lors de ma<br /> première lecture, mais non, je persiste, il faut découvrir Blondel avec "Accès direct à la plage", "passage du gué", ou ses titres pour ados.<br /> <br /> <br /> <br />
M
J'ai l'impression que les avis sont partagées. Merci pour ce débat , vive la diversité
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S
Tu as quand même mis 3/5 ce qui est plus que la moyenne. Je reste persuadée que dire ou écrire la vérité est la bonne solution. Et je suis certaine que M.Blondel a très bien compris, même si cela fait de la peine.
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S
Moi de toute façon, je vais me l'acheter, ne serait-ce que pour avoir un jour une dédicace de l'auteur que j'espère rencontrer un jour. Et ça me permettra de me faire mon propre avis. 
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E
Bonjour,je comprends cette critique mais je ne l'approuve pas: je pense que vous confondez personnage principal et auteur.Je pense que vous attendiez de JP Blondel un récit dans lequel le personnage principal lui ressemble, or, dans ce roman, ce n'est pas le cas, loin s'en faut. Le personnage est effectivement a priori une tête à claques. Mais cette claque, il l'a prend.A savoir s'il la méritait aussi violente ...Le côté haïssable des autres personnages ne l'est qu'à travers ses yeux à lui ! en tant que lecteur, c'était bien insuffisant pour me faire une idée précise sur eux. En tout cas il m'était impossible de les juger, voire les cataloguer !Bref, je pense que vous avez essayé de rentrer dans la peau du personnage principal, c'est à dire d'accepter ses valeurs et son point de vue sur les autres protagonistes. Dans l'idée que JP Blondel lui-même pouvait être ce type, donc avoir ces idées ou ces approches relationnelles. Ca, évidemment, ça ne pouvait pas marcher !J'ai lu ce livre d'une traite avec délectation, mais surtout avec une grande distance avec les personnages au début. Le personnage principal est une tête à claque. Les autres, je ne les connaissais qu'à la fin: le point de vue de l'un n'était qu'une approche, un angle de vue biaisé.La force de ce roman est pour moi dans le fait qu'on découvre qui sont réellement les protagonistes de cette histoire en même temps que le personnage principal le découvre et se découvre lui-même. Et ça pour moi, ça marche carrément bien ! Cordialement
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L
Je ne crois pas confondre personnages et auteur. Je n'aime pas ce que l'auteur en fait, et je crois que c'est mon droit. Un même auteur peut d'ailleurs écrire des choses très différentes. J'ai moins aimé ce roman que les précédents, et il semblerait que j'aie eu le tort de le dire.
F
Bon je n'ai pas lu le détail des coms et de ta critique car je n'ai pas encore lu le livre et je ne veux ni me faire influencer, ni avoir des spoilers s'il y en a puisque je devrais lire ce livre d'ici quelques semaines (il faudrait juste que j'augmente un peu mon rythme de lecture du moment :(...)En revanche, je te dis bienvenue chez les Schtroumphs grognons ;-) Je disais l'autre jour, en critiquant le Harper Lee (que j'ai trouvé moyen) que cela m'arrivait souvent de ne pas être emballée par un livre aimé par tous. Je me suis donc auto-proclamée "le schtroumph grognon de la blogsphère"... Sophie a reconnu tenir un rôle similaire ;-) En tout cas, depuis tout le monde m'appelle comme ça : ouinnnnnn !! ;-pJ'espère aimer ce livre car l'auteur m'est sympathique mais si c'est le contraire, et bien tant pis, je ferai comme d'habitude, je donnerai  mon avis tel quel et tu as raison de faire de même (en plus toi tu t'excuses d'avance auprès de l'auteur, tu fais bien les choses y'a pas à dire ! :D). Et je suis 100% d'ac avec Tamara (alias Schtroumph joyeux auto-proclamée ...)
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L
Le Schtroumpf en vacances n'est plus trop en état de se demander s'il est grognon ou pas ;-)) (il l'est sans aucun doute, mais peut-être pas en littérature ?)Il reste le Schtroumpf sincère, ça lui convient bien :-))
C
Bon, c'est (encore!) moi. A propos du lien, si c'est tout pourri pour vous aussi, voici un autre qui est plus efficace !!!http://www.dailymotion.com/video/x1fhf0_silmarils-va-y-avoir-du-sport_music
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L
entre les filles qui me causent et le bruit de leur super Mario, euh faut que je mette un repeat !
C
Ouch ! c'est chaud ici !!! :o)))Allez pour détendre l'ambiance, cliquez sur ce lien (pour une chanson .. euh .. "beauf" ) mais ça va réconciler tout ce joli monde qui s'exprime !!!Donc le lien : http://www.youtube.com/watch?v=XkScg4PowJw
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L
ben il fait toujours froid dehors, on se réchauffe où on peut ;-)) bon, toujours pas fait mes bagages avec tout ça moi, mais j'avais promis que j'assurerais le SAV de la critique, j'assure... entre deux j'ai fait un cake thon oignons tomates séchées (un essai piqué dans une revue de la bib), amené 3 [contenus de] voitures à Emmaüs, refait un stock de cartons chez le déménageur sans en remplir un seul (à ce jour seuls les bouquins sont en cartons, ce qui fait quand même un certain nombre) et désormais je ne lirai plus que de la littérature étrangère comme ça les auteurs, et ben y viendront plus m'embêter ;-))) - dit celle qui n'a quasi que de la littérature française dans son stock non encartonné... Ah si, je suis aussi allée chez le coiffeur, hop, 4 cm de moins. Tout le monde s'en fout ? OK je sors.
J
Vraiment - loin de moi l'idée de vous faire culpabiliser - et vous avez tout à fait raison de donner votre avis - vingt dieux, c'est votre blog, pas le mien ! :))) pour l'article du Fig Littéraire, je dois dire que je suis perplexe....je crois que je n'ai pas tout compris... allez, Laure, j'espère qu'on se rencontrera bientôt
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L
Ah vous me rassurez pour l'article du Figaro, car je crois que moi non plus je n'ai pas tout compris. A la première lecture, j'ai pensé "ben avec ça on est bien avancés !", j'ai relu, et toujours aussi peu saisi, je suis allée lire le drame psychologique de chez POL entre Camille L et Marie D, repris dans le Monde litt d'aujourd'hui d'ailleurs..., ça au moins j'ai compris !
A
Je me suis permise de parler de l'"objectif", parce que tu avais parlé de "l'acte". Tu penses que j'en ai trop dit, alors n'hésite pas à supprimer mon commentaire: tu es là chez toi ;-). Je ne serai absolument pas vexée, le principal c'est d'avoir échangé nos avis.Tordue? Ne le sommes-nous pas tous un peu...
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L
non c'est juste qu'avant JP disait qu'il ne voulait pas trop en dévoiler. je ne peux pas supprimer une partie du comm, donc je laisse !