Kathy - Patrice Juiff
Avec Frère et sœur, Patrice Juiff nous avait déjà montré combien il était maître dans l’art du roman sombre et douloureux, violent mais pourtant attachant à l’égard des personnages. Dans Kathy, il reproduit toute cette horreur qui sera toutefois là encore sublimée par l’amour.
Kathy a 3 ans lorsque sa mère l’abandonne. Adoptée par une famille aimante, elle n’aura de cesse de revenir vers sa famille de sang, dès sa majorité venue. Une famille où règne la misère tant sociale qu’intellectuelle, une famille où l’amour, qu’il soit marital, paternel ou fraternel ne se traduit que par les coups, la violence, le viol, l’inceste. On ne cesse de se demander pourquoi Kathy revient supporter les humiliations et la maltraitance qu’ils lui infligent, pourquoi dans son immense gentillesse elle leur donne tout et en demande encore. Court-on vers une vengeance finale ? (C’est l’hypothèse de lecture qu’on est tenté de faire, mais non…)
Des phrases courtes encore, comme dans Frère et sœur, des situations à peine soutenables, et pourtant on comprend Kathy, on perçoit ici ou là un peu d’amour maternel et l’on s’attache à ces personnages sur le fil. Dans l’horreur éprouvante il y a la rédemption finale, toute relative, mais ô combien revigorante pour le lecteur, heureusement.
D’une force et d’une violence inouïe, Patrice Juiff nous prouve une fois encore avec brio que les mots à eux seuls sont déjà assassins.
Albin Michel, août 2006, 245 pages, prix : 16 €
Ma note : 4,5/5
Crédit photo couverture : éd. Albin Michel.