Bord de mer - Véronique Olmi
Bord de mer fait partie de ces livres qui marquent et obsèdent un temps, pour ne pas dire longtemps. Dès la première page j’ai deviné la fin inéluctable et tragique (même si j’ignorais encore la méthode et si je pensais que la mère aussi disparaîtrait).
Je ne le lisais donc plus pour l’intrigue, mais pour ce style à la fois simple et foudroyant qui vous embarque malgré vous, retranscrivant si bien le désespoir et la misère.
Une mère de famille emmène pour la première fois ses deux enfants, deux jeunes garçons, au bord de la mer, un soir froid et pluvieux de novembre. Il ne s’agit pas de vacances mais d’une fuite en avant, terrible, immuable. Le voyage en car est minable, l’hôtel est sordide, et le regard des autres tout au plus absent, quand ce n’est pas méprisant. La fête foraine est l’ultime bonheur. La mère soigne ses crises d’angoisse pourtant, mais quel avenir offrir aux siens quand on n’a plus que quelques pièces de monnaie en poche ?
Dans quelle détresse inimaginable doit-on être pour assassiner ses enfants ? C’est noir, violent, cruel, et pourtant débordant d’amour. J’ai du mal à soutenir ce livre auprès de lecteurs potentiels tant je ne veux pas comprendre ni admettre le drame qui se joue, pourtant je suis emportée par l’écriture si touchante et si juste. Je suis mal à l’aise, vous l’aurez compris, même si je reconnais à Véronique Olmi un talent certain.
Tous les thèmes sont-ils défendables en littérature ? Oui, sans doute, mais il faut avoir le moral bien accroché. C’est un très bon roman, mais dérangeant.