Mari et femme - Régis de Sa Moreira
« La première chose qui t'étonne lorsque tu ouvres les yeux c'est le plafond de votre chambre. Ça fait des mois que tu dors dans le salon. Tu ne comprends pas. Tu tournes la tête sur le
côté, ta femme n'est pas dans le lit. Mais ses longs cheveux blonds s'étalent sous ta joue. Tu ne comprends pas du tout. Tu montes une main pour te gratter la barbe. Ta barbe a disparu. Tu ne
respires plus. Tu descends ta main sous le drap. Tu cherches quelque chose entre tes jambes. Tu ne trouves rien. Tu te redresses d'un coup. Tu te tournes vers l'armoire à glace. Tu cries. Ta
femme crie à ta place. »
Un homme se réveille un matin … dans le corps de sa femme. De même qu’elle est prisonnière de son corps à lui. C’est quelque peu embarrassant, déstabilisant, étonnant, mais voilà, il va falloir s’y faire. C’est sur ce postulat très original que se construit le roman de Régis de Sa Moreira, jouant sur le cocasse des situations. Ecrit à la deuxième personne, on se perd parfois un peu dans le tourbillon des pronoms où le tu n’est pas toujours celui qu’on croit, mais on se prend quand même très vite au jeu. On sourit, on regarde ce couple qui était sur le point de se séparer d’un œil compatissant, et on s’attendrirait presque de les voir se redécouvrir bien malgré eux. C’est un roman qui réjouit par son originalité, mais auquel il manque un je-ne-sais-quoi d’ambitieux, une pirouette un peu plus folle qui ferait oublier qu’hélas, le soufflé retombe vite, et que ça se conclut banalement une fois qu’on a compris le jeu.
Le site de l'éditeur : www.audiable.com
Au Diable Vauvert, août 2008, 181 pages, prix : 15 €
Ma note : 3/5
Crédit photo couverture : éd. au diable vauvert.