Entre mes mains - Anne-Constance Vigier
Dès la première page qui sert de prologue au récit, on sait que c’est un drame que l’on va lire. Qu’il faut s’attendre au pire. Pourtant, on aurait pu croire au meilleur : la narratrice est une jeune ingénieure en mathématiques qui découvre l’amour dans les bras de Sylvain, un musicien obnubilé par Bartók, le compositeur hongrois. On suit leur installation, leur voyage de noces, la découverte de la grossesse … Pourtant, c’est sur un ton désabusé, extérieur et très détaché que la narratrice livre peu à peu son histoire, ses attentes manquées, mal-être et mal-aimance (ça existe ce mot ? j’invente peut-être oups !), comme si elle avait bien conscience de tout cet artifice mais aucune maîtrise sur sa propre vie. Elle analyse parfaitement la situation, mais la subit. Habilement construit, on sait dès le début quelle fin nous attend, mais c’est l’adéquation parfaite ici de l’écriture et de l’histoire qui fait tout l’intérêt de ce court texte : comment l’auteur va-t-elle nous y conduire, à cette fin ? Glaçant, mais fort, marquant, qui laisse une trace bien après lecture, donc très bon. Une auteur(e) à suivre, assurément.
L’avis de Clarabel
Ed. Joëlle Losfeld, septembre 2007, 100 pages, prix : 11.90 €
Ma note :
Crédit photo couverture : © Faith Ashurst – fotolia et éd. J. Losfeld