Les jardins d'Hélène

Mères - Myriam Cohen-Welgryn

21 Juin 2006, 09:33am

Publié par Laure

C’est l’histoire presque banale d’une jeune femme amoureuse qui rêve d’avoir un enfant pour prolonger l’amour de son couple. Et son compagnon la soutient, lui aussi désireux d’être père. C’est le récit de l’attente, chaque mois déçue. Puis enfin le bonheur et le drame, la fausse-couche, les nouveaux essais infructueux, la jeune femme est probablement une fille « Distilbène », ce médicament donné aux femmes enceintes (et qu’a dû prendre sa mère) dans les années 60. Dans son obstination à faire naître un enfant, le docteur Gromstein, un gynécologue chaleureux et humain, qui veut l’aider. Jusqu’à lui proposer une solution peu déontologique. (Je suis pour l’adoption, par pour le trafic d’enfant !) Voilà pour la première moitié du roman. Des phrases courtes, efficaces, sobres, des chapitres qui ont pour titre des verbes à l’infinitif tels que désirer, jouir, aimer, vouloir, attendre, croire, perdre, décider, et savoir. Dans la deuxième moitié, une autre femme (d’où le titre au pluriel : Mères) qui va décliner les mêmes verbes, mais pas dans le même ordre. Une jeune femme que l’enfance a blessée, orpheline de mère et au père qui n’a pas su être présent quand il le fallait. Tous les médecins la disent stérile, c’est médicalement expliqué. Jusqu’au jour où elle se retrouve enceinte. Mais voilà, elle ne veut pas d’enfant, jamais, c’est comme ça, viscéral, elle préfère se détruire qu’enfanter. Elle va se terrer chez elle jusqu’à ce que cette « chose » sorte d’elle. Accoucher sous X. Avec le même gynécologue. Et un conjoint qui lui veut devenir père, mais qu’elle a écarté. Vous aurez probablement fait le lien entre les deux histoires. Cette seconde partie est forte, dure, violente, cette femme est tout aussi déterminée que la première, dans un but inverse. Je n’ai pas pu me détacher de ce livre, qu’au départ je trouvais presque banal. 

En page de garde, l’auteur précise que « ce livre est librement inspiré à partir d’un cas décrit par Françoise Dolto dans Séminaire de psychanalyse d’enfants. »

Une façon de conclure que la collection  1er mille chez Arléa  et moi (tout comme La Brune au Rouergue et moi, cf. ), on est fait pour s’entendre.  

Cet extrait, p.62 : « Entre mes cuisses de mère-à-être goutte le sang de l’enfant que j’attends depuis de longs mois déjà, et mon corps, comme il le fait toujours, s’habitue à cette idée. Ce sera pour le mois prochain ».

Arléa, janvier 2001, 211 p., ISBN 2-86959-531-X, prix : 13 € 

Ma note :4/5

 

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A
dommage qu'on parle pas aussi des degats liés au distilbene des personnes qui sont touchées par les formes rares et qu'on delaisse completement parce que on s'en fiche ...<br /> J'en fais partie :(((((((((<br /> Anya
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L
Anya, il ne s'agissait pour moi que de parler de ma lecture d'un roman .. en aucun cas de ce douloureux sujet. Est-ce que tout le monde s'en fiche vraiment ? je ne sais pas... j'espère que tu es soutenue par le corps médical et tes proches.. courage !
V
Salut ma Laure!<br /> Voilà un titre que je rajoute à ma liste, je file le commander demain! je t'embrasse!
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L
Merci de ton passage ici Véro ! je commençais à désespérer de ne rien voir de neuf sur ton blog... chouette, tu as du stock à nous mettre ;-))
C
Ce livre me tente... :-)<br /> Moi aussi j'aime beaucoup la collection Arléa. A lire aussi : Laurence Tardieu - Le jugement de Léa.
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L
je note toujours, je ne sais pas pour quand, mais je note :-))
F
<br /> Un roman que j'avais bien aimé chez 1er/mille, c'est "15 août" de Arnaud Guillon. ;-)<br />
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L
Je note !