Treize alligators – Gaetaño Bolán
Surprenant roman que ces treize alligators ! A force de tremper dans les combines, Manuel a besoin d’un dentiste pour faire refaire sa dentition perdue sur un ring, mais faute d’argent, il va devenir son assistant et replonger en parallèle dans les trafics faciles. Mais tout finit toujours par mal tourner, et Manuel est obligé de prendre la fuite avec sa mère et son petit frère, et Lucia, sa copine qui n’a pas froid aux yeux. Mais pour gagner sa vie dans cette nouvelle ville du Chili, il ne trouve pas mieux que de travailler pour un escroc, Esteban, qui règne en maître sur la règle des 3C : « caïmans, cocaïne, cœurs ». Trafics d’organes, de drogue, et d’espèces rares et protégées, Manuel s’est encore mis dans de beaux draps !
Comment dire… ce roman est une petite pépite explosive : plus on rit et plus on sombre dans l’horreur humaine la plus atroce. C’est loufoque, cocasse, déjanté, et terrible à la fois. Gaetaño Bolán a l’art de dénoncer avec humour et sous des airs de farce les grands trafics de ce monde et les pratiques des « parrains » envers leurs petites mains mafieuses.
Très différent de son premier roman, la boucherie des amants, (qui était déjà très bon), j’applaudis à nouveau pour ce deuxième opus, même si le sourire est souvent chassé par un frisson dans le dos, on garde à l’idée le talent burlesque de la fiction, qui dénonce toute l’horreur du monde. Drôlement romanesque, sacrément tragique, mordant comme les alligators nés sous la plume d’un grand auteur !
A noter : Gaetaño Bolán est né et vit au Chili, mais écrit en français (du moins je le présume, pas de mention de traduction), chapeau bas !
Le site de l’éditeur : éditions La Dragonne
La Dragonne, fév. 2009, 104 pages, prix : 16 euros
Ma note :
Crédit photo couverture : © Stéphane Mourgue et éd. La Dragonne.