Mort in vitro - Martin Winckler
Bien connu pour sa Maladie de Sachs qui a eu le Prix Inter en 1998 et son étude des séries américaines (les Miroirs de la vie, en 2002), Martin Winckler est l’écrivain médecin dont on rêve tous, tel que nous apparaît son personnage romanesque de médecin généraliste attentif, à l’écoute et d’une humanité généreuse. En 2003, en coédition Fleuve Noir et la Mutualité Française, il se lance dans le Polar Santé. Ainsi naît Mort in vitro, enquête-réalité sur les industries pharmaceutiques. Roman inspiré de la réalité, on retrouve le couple d’enquêteurs que forment le juge d’instruction Jean Watteau et le médecin généraliste Charly Lhombre, déjà apparus dans la série du Poulpe : Touche pas à mes deux seins. Ici l’enquête est double : un professeur de pharmacologie meurt dans un accident de voiture alors que l’enquête révèle qu’il a reçu une balle dans la tête avant de prendre le volant ( !), tandis qu’une jeune femme enceinte décède d’une complication rare : un placenta accreta. Et si le professeur avait découvert le trafic d’un gynécologue véreux corrompu par les labos ? Et si les femmes enceintes curieusement décédées avaient toutes pris ce même médicament ? Enquête au pays de la procréation médicalement assistée, et des enjeux économiques des laboratoires pharmaceutiques.
J’ai eu un peu de mal avec ce bouquin. D’abord, on devine assez facilement tous les ressorts de l’intrigue, mais la dénonciation de ces procédés étant peut-être l’objectif premier de l’auteur, on ne pourra lui en vouloir pour cela. Je n’ai pas aimé la narration éclatée qui fait qu’alternent des épisodes différents à des dates différentes, des extraits d’articles de presse ou des émissions de radios, des scènes personnelles de patientes ou des phases de l’enquête juge/médecin. Pour ne pas s’y perdre, il faudrait lire le roman d’une seule traite. Pas toujours possible ! Au lecteur donc de reconstituer la chronologie narrative et au départ j’ai eu du mal à mémoriser tous les personnages ! (Même à la fin je ne suis pas certaine d’avoir vraiment compris qui était à la tête de quel labo et les fusions et autres rachats : tous dans le même panier de crabes !)
J’ai aimé par contre ces allusions récurrentes chez Winckler : tout se passe toujours à Tourmens, cette ville imaginaire contraction de la ville de Tours et de la ville du Mans (maintenant que j’habite la région, on me l’a expliqué !), les références à Sachs et toujours cette préoccupation du généraliste en campagne, qui est humain avant d’être tiroir-caisse.
A lire de préférence si vous avez une journée entière devant vous. Toujours dans la veine polar médical, son dernier roman publié s’appelle Camisoles et reprend les mêmes personnages que Mort in vitro.
Libra Diffusio, janv. 2004, 212 p. ISBN 2-84492-145-0 (éditeur au Mans, livre en gros caractère). Parution initiale chez Fleuve noir puis en Pocket.
Ma note : 3/5