Les oreilles de Buster - Maria Ernestam
Traduit du suédois par Esther Sermage
Eva, 56 ans, partage sa vie avec Sven dans leur petite maison de Frillesas. Elle s'occupe de ses roses qui tiennent une place très importante et particulière dans sa vie. Pour son anniversaire, sa petite-fille Anna-Clara lui offre un journal intime. Journal qu'elle va tenir pendant trois mois d'été, le commençant ainsi : « 13 juin. J'avais sept ans quand j'ai décidé de tuer ma mère. Et dix-sept ans quand j'ai finalement mis mon projet à exécution ». Le ton est donné, et la reconstitution ouverte. Retours en arrière se mêlent au récit du temps présent, Eva confie ainsi au lecteur les moments importants de sa vie, les meilleurs comme les pires. Si sa relation avec sa mère méprisante est la part la plus forte et la plus intéressante, elle est loin d'être le seul point d'intérêt du roman, plus riche et habile qu'il n'y paraît. Des surprises sont ménagées jusqu'au bout, et si j'ai trouvé quelques longueurs vers le milieu du livre (son histoire d'amour avec John), j'ai aimé la complexité du personnage d'Eva, ses vengeances compréhensibles mais discutables, sa dualité intérieure qu'elle traduit par sa face noire et sa face blanche, j'ai aimé l'étonnement de la scène que traduit le titre (je vous laisse découvrir à qui appartiennent ces oreilles et quel sera leur rôle) et quelques autres revers tout aussi surprenants. Bien d'autres femmes sont présentes dans l'histoire : sa fille Susanne en plein divorce, ses meilleures amies et leurs difficultés de couple, la vieille Irène dont elle s'occupe et qui lui permet de dénoncer les mouroirs que sont certaines maisons de retraite, tout en jouant un rôle de miroir avec son propre mère.
Une très belle lecture qui m'a donné envie de découvrir d'autres titres de cet auteur.
Les oreilles de Buster est annoncé en poche (chez Babel – Actes Sud) pour début janvier 2013.
Gaïa, septembre 2011, 409 pages, prix : 24,40 €
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Crédit photo couverture : © Yenty Jap / getty images / et éd. Gaïa