« Oh... » - Philippe Djian
Je crois que je n'avais pas lu Djian depuis 37°2 le matin, c'est dire .. si je suis bien incapable de comparer ce dernier à ses précédents opus. Peu importe d'ailleurs.
« Oh... » est singulier et dérangeant. J'ai eu du mal à accepter la réaction de Michèle après son viol qui ouvre le roman, du mal à prendre pour crédible son comportement, et puis c'est une telle femme, qui porte sur ses épaules tant d'hommes peu solides avec tant de faiblesses partagées que là est sa force. La rage et la fureur fulminent à l'intérieur. Son entourage est brinquebalant et fragile : son ex mari a toujours besoin de son appui, son fils unique s'est amouraché d'une femme enceinte capricieuse et immature, il n'est pas le père de l'enfant qu'elle porte – l’individu est en prison – et s'obstine à vouloir reconnaître l'enfant, son amant est le mari de sa meilleure amie et elle commence à en avoir assez, son voisin maladroit semble l'attirer de plus en plus, sa vieille mère s'entiche du premier gigolo venu … seul le chat Marty observe en silence et se fait le pilier reposant de cette maisonnée.
Elle en devient attachante, Michèle, à se débattre avec tout ça, les vieux démons concernant son père (qui a massacré des enfants dans un club Mickey quand elle était gamine et qui moisit en tôle depuis), tous les drames qui vont se succéder, jusqu'à la fin, surprenante, réconciliante, subjuguante.
Un récit d'une seule traite (pas de chapitres), ramassé sur le mois de décembre et le début du mois de janvier, où drames, amours et morts se mêlent à travers une écriture simple et des personnages complexes qui m'ont conquise, et où plus que jamais, ce sont les femmes qui portent le monde.
Gallimard, septembre 2012, 236 pages, prix : 18,50 €
(Prix Interallié
2012)
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Crédit photo couverture : © Laurent Hini pour la photo du bandeau / éd. Gallimard.