Trop loin la mer - Frédérique Niobey
Depuis que son père a refait sa vie, Rosa n’y trouve plus sa place et ne cesse de fuguer. Son père l’a décidé, avec l’aide des services de l’aide à l’enfance, elle va être placée en famille d’accueil. L’extraire de son milieu familial pour lui faire du bien, pensent-ils tous. C’est ainsi que Rosa débarque au milieu de nulle part, dans un village perdu du Périgord, chez Mame et Sid, qui accueillent des ados comme elle dans leur maison baptisée « Le lieu de vie ». Rosa fait la connaissance de Sister, une autre ado, et de trois garçons placés là comme elle. Malgré toute leur bonne volonté, elle refuse de se lier à eux.
Elle reste rebelle, refuse de s’intégrer, cherche constamment le conflit. Seules les errances au bord de la Dordogne l’apaisent un peu, de même que les rencontres avec Mona, une jeune du village. Mais les parents de Mona désapprouvent cette « mauvaise » fréquentation.
On est sur le fil en permanence dans ce roman, avec une violence sourde qu’on sent gronder, tapie à l’intérieur, tout près d’exploser, le texte est âpre pour décrire le mal-être de Rosa, une violence et une rébellion qui cachent une grande détresse et tristesse aussi, juste un énorme besoin de sentir aimée. Quant au pourquoi du titre, trop loin la mer, vous le découvrirez sur la fin de l’histoire.
Ce texte m’a souvent fait penser au roman de Maud Lethielleux, « tout près le bout du monde », de par le thème abordé, car le style est très différent. Ici l’auteur a très bien réussi à retranscrire cette violence qui enfle, l’agitation intérieure sans repos, laissant au lecteur le sentiment que tout va basculer, car malgré la présence de l’eau (qui libère ?), l’atmosphère est étouffante, sombre et pesante pour le lecteur. Les tensions s’allègeront par une lueur d’espoir qui fait du bien, un dénouement peut-être un peu trop simple, mais sans doute espéré de tous.
Rouergue, coll. DoAdo, octobre 2011, 136 pages, prix : 10 €
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Crédit photo couverture : © Dorothy-Shoes et éd. du Rouergue