Une année de lecture(s) qui s'achève ...
L’année tire à sa fin, et comme je prends la route demain pour la ville de mes vingt premières années (Strasbourg) retrouver famille et amis le temps d’une courte semaine, je vous livre avec quelques jours d’avance le traditionnel bilan annuel de lectures.
Lectures personnelles et réflexions sur la lecture d’une manière plus générale.
En bibliothèque, nous travaillons avec les scolaires depuis toujours, et nous trouvons toujours utile et intéressant de le faire. Si depuis quelques années je constatais impuissante la baisse du niveau scolaire de façon inquiétante, je dois avouer que 2012 nous a laissés, mes collègues du centre culturel et moi, plutôt déprimés avant les fêtes.
Liliba a justement exprimé dans un tag sur son blog ce que nous constatons tous les jours. Elle répondait à cette question :
« Parle-nous de quelque chose qui te rend complètement folle en ce moment ! :
La pauvreté de l’enseignement à l’école. Affligée du peu de bases qu’ont mes enfants, qui sont pourtant bons élèves. Tout est flou et à peu près et ils n’acquièrent plus de règles précises : ni orthographe, ni grammaire… Et ne parlons pas des bases en histoire et géo ! On leur ouvre l’esprit avec des tas de choses qui sont certes intéressantes (histoire des arts, civisme), mais ils n’ont pas le b.a.ba… On va en faire une génération d’illettrés incultes. Triste. Ils ne lisent plus, non plus… »
J’irai même plus loin parce que ce n’est que le triste constat de mon quotidien : en CM2 ils ne savent toujours pas lire (disons qu’ils déchiffrent péniblement), ils ne comprennent pas ce qu’ils lisent, ne comprennent pas des questions simples, ne savent pas écrire plus de deux mots sans faute, ne savent pas chercher dans un texte, ne trouvent pas le courage ou la motivation de le faire… Je dis CM2 mais les enseignants de maternelle nous disent déjà leur inquiétude quant au peu de langage qu’ont les enfants, vocabulaire si rare et pauvre, je pourrais dire 4ème aussi car j’ai repris cette année un Prix des Lecteurs ado organisé au niveau départemental, et c’est la 1ère année que je comprends réellement les remarques faites par les professeurs les années précédentes sur ce prix, quand ils arguent que 10 romans ados en environ 8 mois, c’est trop, c’est impossible. Je le vis au quotidien. Lire un seul livre pour un ado de 4ème aujourd’hui est devenu un calvaire insurmontable. C’est trop long, inintéressant, et même si c’est un travail scolaire (et encore plus si c’est un travail scolaire ?), ils ne comprennent pas l’effort de le faire dans leur devoir d’élève. On réduirait ce prix à 5 titres que ce serait encore trop difficile. Qu’avons-nous donc raté dans l’éducation, dans l’apprentissage des bases, dans l’enthousiasme de la transmission ? Je ne suis pas enseignante, j’ai bien sûr des idées personnelles de réponse, mais en tant que professionnelle du livre, je suis inquiète.
Nous avons toujours de bons et grands lecteurs, certes, mais ils se raréfient, plus particulièrement chez les jeunes. Le fossé se creuse entre les difficultés qui ne seront bientôt plus très éloignées de l’illettrisme, et les passionnés dévoreurs qui sont en voie de disparition.
Mais il n’y a pas que les jeunes. A quelques exceptions près encore, les adultes non plus ne lisent plus. N’ont plus de curiosité, ne réclament que les best-sellers de tête de gondole qu’ils ont vus au supermarché, et ne prennent plus jamais le risque limité (car gratuit) d’emprunter en bibliothèque un livre qui les surprendrait.
Vous allez dire que j’exagère. Non. Vous qui passez ici êtes de gros lecteurs (plus de 25 livres par an pour le Ministère de la Culture) ou des professionnels déjà convaincus. La réalité de terrain, dans un département pas très favorisé mais bien soutenu par les pouvoirs publics (département et région), est sérieuse, profonde, et déprimante.
Même si l’on veut y croire encore, (les enfants des accueils de classe restent un terreau riche et meuble), c’est de plus en plus difficile, et de plus en plus vain.
À côté de cela, on a une production littéraire toujours plus vaste, où trier le bon grain de l’ivraie est de plus en plus long ou agaçant si l'on ne veut pas toujours garder les mêmes et jeter le reste.
Allez, il en faut pour tous les goûts, et ce qui m’a plu à moi ne vous plaira pas forcément à vous, voici mes préférés de 2012, suivis d’un lien vers le récapitulatif de mes lectures de l’année. (En fond de couleur saumon, les lectures non commentées sur le blog, souvent par pur paresse, en vert celles qui m’ont le plus séduite.)
Mes lectures de l'année (2012)
Bonne fin d’année à vous,
Bonnes lectures !