Les jardins d'Hélène

Contes aphrodisiaques - Marc Haresse

5 Août 2017, 19:29pm

Publié par Laure

Il y a quelques semaines, une vague d’auteurs Librinova m’a contactée pour me proposer de lire et critiquer leur texte. Du banal et débordant dans ma boite mail, mais c’était amusant tous ces auteurs Librinova en même temps. Ils sortaient de formation "visez les blogs" ou quoi ?

 

L’autoédition et moi, ça fait deux. Lire un texte insipide, sans queue ni tête et bourré de fautes comme c’est le cas dans 99 % des cas, non merci. (Et c'est parce que j'en ai lu beaucoup que je peux l'affirmer !)

 

Et puis je ne sais pas, il faut croire que celui-ci avait quelque chose de différent, et l’extrait laissait entrevoir un récit en français correct.

 

C’est donc la seule proposition que j’ai acceptée, refusant le PDF (qui n’est pas adapté aux liseuses), spécifiant alors uniquement epub (qui n'a pas l'air d'exister) ou papier.

 

 

Ces contes aphrodisiaques, écrits sous pseudonyme, sont arrivés quelque temps plus tard.

 

*****

 

Le prologue annonce l’objectif : « vous donner du plaisir sous toutes ses formes ». « N’y a-t-il pas meilleur aphrodisiaque qu’un livre érotique qui stimule vos fantasmes et votre imagination » ?

 

Je ne suis pas sûre d’adhérer à ce préambule, ce n’est pas mon but lorsque je lis de la littérature érotique. Parfois dans le meilleur des cas un effet secondaire, mais jamais un objectif. Ou si l'on reste dans le plaisir général de la lecture et de l'imaginaire qu'il convoque, on peut dire cela de n'importe quel texte de fiction.

 

 

 

Jean invite son vieil ami Claude, septuagénaire comme lui, à l’aider à rédiger ses mémoires érotiques, ou plutôt un recueil de contes qui serait un mélange d’autobiographie, d’imaginaire et de rêve. De l’adolescence à l’âge de la retraite, Jean narrera ses épisodes sexuels (et non pas amoureux), restant extrêmement secret sur sa vie de couple et familiale.

 

L’ouverture est plutôt savante et intelligente, l’auteur a sans nul doute de la culture, littéraire, historique, politique.

 

Hélas le titre se révèle assez vite trompeur, point de contes, mais des histoires plutôt descriptives, parfois à la limite du documentaire, avec un vocabulaire très médical, on est plus proche de l’anatomie que du fantasme, point d’érotisme donc. Le dépucelage est très physiologique dans le choix des mots, et il en sera souvent ainsi, c’est propre, froid, et on finit par éclater de rire : (p.39) : « Je sortis mon pénis de la vulve de Virginie ». Moi ça ne me fait pas rêver.

 

L’auteur instaure une distance intellectuelle trop perceptible, toujours dans le contrôle et le besoin de « cérébraliser » ce qu’il raconte. Il annonce son plan comme dans une dissertation, insère des rappels historiques, ah ! la page quasi Wikipédia sur les hippies ! c’est lisse, documenté, documentaire justement, mais où est donc la fiction ?

 

 

C’est fort dommage car il y a du qualitatif dans l’écriture, mais rien de bandant, pas de frisson, pas d’émotion. Si l’artifice de la construction intellectuelle s’estompe un peu dans la deuxième moitié, l’ensemble reste trop didactique, un témoignage sociologique qui reflètera une vie sexuelle masculine au XXème siècle et au début du XXIe.

 

Toutefois j’insiste sur la qualité de l’écriture (c’est si rare en autoédition) ; il reste une bonne vingtaine de coquilles, mais du banal, des erreurs de ponctuation, de tache qui devient « tâche » sur le pantalon et perd donc son sens, une « accroc » au sexe qui n’est pas pareille qu’une accro, et quelques fautes d’accords grammaticaux.

 

 

Un document élégant sur une sexualité heureuse et épanouie, mais pour Aphrodite, on n’égale pas encore les classiques ou la Musardine et les éditions Blanche.

 

 

 

Où trouver le livre : sur le site Librinova

 

 

 

Librinova, avril 2017, 136 pages, prix : 12,90 € (1,99 € en PDF), ISBN : 9791026210184

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Librinova

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