Asymétrie – Lisa Halliday
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Hélène Cohen
Alice a vingt-cinq ans, elle est assistante d’édition, vit à New-York, et tente de lire sur un banc quand elle est abordée par un homme bien plus âgée qu’elle. Ainsi débute sa relation amoureuse avec Ezra Blazer, de près de cinquante ans son ainé, célèbre écrivain que la critique a identifié ici comme étant Philip Roth, l’auteure ayant eu une relation avec lui pendant quelques années. Cette première partie, intitulée Folie, est fraiche, tendre, drôle, on sourit aux propos d’Ezra Blazer, à ses difficultés liées à l’âge, on apprécie son humour, sa gentillesse et son érudition. L’asymétrie du titre serait-elle celle de ce couple ?
Arrive une deuxième partie – autre asymétrie du monde ? – intitulée Furie, qui n’a strictement rien à voir avec la première. Amar Jaafari est docteur en économie, de double nationalité irako-américaine, et il se rend en Irak pour retrouver son frère qu’il n’a pas vu depuis des années. Il est arrêté à l’aéroport d’Heathrow, à Londres, où il devait faire une escale de quelques jours chez un ami. Malgré l’attention aimable avec laquelle il est traité, on devine aisément qu’il est soupçonné de terrorisme et que son séjour sur le sol britannique est compromis. Le récit alterne les faits vécus à l’aéroport et le récit de sa vie jusque-là.
Une troisième et brève dernière partie vient clore le roman, sous la forme d’une interview retranscrite d’Ezra Blazer, sur sa défense de sa vie privée et, clin d’œil à Roth, son amertume d’avoir toujours été recalé au Nobel de Littérature.
La critique a souvent loué la construction brillante de ce roman, et si la 4ème de couverture annonce que l’interview d’Ezra Blazer « fournit la clé de ce puzzle littéraire bouleversant », j’avoue peiner à comprendre en quoi cette partie réunit et explique les deux précédentes.
Je suis restée perplexe, tout en reconnaissant le plaisir que j’ai eu à lire chaque partie séparément.
Sans doute faut-il mieux connaître les romans et les idées de Philip Roth, ainsi que la littérature américaine (Blazer cite et offre à Alice de nombreuses références), sans quoi il peut être difficile de vraiment comprendre ce roman.
J’ai imaginé dans la deuxième partie une critique de la politique américaine envers l’Irak, et le décalage avec la vie amoureuse d’Alice, asymétrie entre son bonheur simple et la réalité du monde ?
Piquant, intéressant, plaisant, mais un peu déroutant.
Gallimard, coll. Du monde entier, août 2018, 341 pages, prix : 21,50 €, ISBN : 978-2-07-272879-2
Crédit photo couverture : © éd. Gallimard