La fin d’où nous partons – Megan Hunter
Traduit de l’anglais par Aurélie Tronchet

Un premier roman étonnant par sa forme, des phrases courtes, rarement plus de trois lignes toujours entrecoupées de blanc, bref mais profond néanmoins, évocateur, poétique parfois.
Une femme accouche alors que Londres est sous l’eau, submergée par une crue apocalyptique. Il faut fuir. L’exil s’organise. Elle est séparée de son mari. Le lecteur accompagne cette femme et son enfant durant une année, leur relation forte dans un contexte de migration forcée, la survie dans les camps de réfugiés, l’espoir de retrouver le père de son enfant.
C’est un beau roman sur le lien maternel, la vie dans un environnement hostile, agréable à lire, qui peut laisser un peu sur sa faim mais qui se découvre comme une respiration, tant il tire sa force de sa forme épurée. Il mêle également de nombreux passages en italique inspirés de textes mythologiques ou religieux qui accentuent son côté poétique.
Quelques extraits :
p. 81 : « On nous dit de ne pas paniquer, la consigne la plus susceptible de provoquer la panique que l’homme connaisse ».
p. 84 : « Moi, Z, O, C. Nous dormons d’un œil, alignés, les bébés ventousés à nos mamelons. Ils ont six mois."
Ils ont appris à se tenir assis ici, dans cet endroit du pas-assez. Ils ont redressé leur dos. Ils ont commencé à essayer d’attraper notre pain. »
p. 96 : « Quand tu as un enfant, la peur est transférée, aurait pu me dire ma mère.
D’une certaine manière, elle est multipliée, aurait-elle pu dire. »
p. 123 : « Je bois l’air frais comme de l’alcool, chaque gorgée est une froideur qui m’attire et m’enserre la taille. »
Gallimard, coll. Du monde entier, février 2018, 169 pages, prix : 16,50 €, ISBN : 978-2-07-270152-8

Crédit photo couverture : © plainpicture / Glasshouse / chiei kurimoto / et éd. Gallimard