Buveurs de vent - Franck Bouysse
Au Gour noir, une vallée encaissée dans les montagnes, tous travaillent pour Joyce, propriétaire de la centrale hydroélectrique, homme dur et tyrannique. Rien ne lui échappe, il veut tout contrôler, avec ses sbires, jusqu’à la vie personnelle de ses employés.
Quatre jeunes gens, Marc, Matthieu, Luc et Mabel - la seule fille - forment une fratrie unie. Martin Volny, leur père, tout comme Elie le grand-père qui a perdu une jambe accidentellement travaillent aussi pour Joyce. Mabel aurait dû s’appeler Jean, tant la mère s’est vouée à Dieu jusqu’à l’obsession, elle ne manquera pas d’ailleurs de la chasser du foyer quand celle-ci osera s’affirmer dans sa liberté féminine et sexuelle.
Tous les personnages ont un caractère différent et attachant. Les personnages secondaires sont des piliers sombres et violents, la noirceur de leur monde croisera quelques morts.
Ce qui frappe d’emblée dans ce roman, c’est la beauté de l’écriture, puissante, précise, riche. J’appréhendais un peu de retrouver Franck Bouysse après le si beau Né d’aucune femme, mais j’ai aimé ces buveurs de vent (qui se suspendent dans le vide au viaduc pour happer l'air quand passe le train), leur lien, la force de leur attachement. Si l’amour entre eux est maladroit, le grand-père veille sur eux et leur avenir.
On peut regretter que la vie conjugale de Joyce soit peu développée alors que tous les éléments sont placés d’entrée, le sujet est introduit puis quasi oublié.
La fin est sombre et peut-être un peu rapide, et si l’on peut s’étonner du choix américain des prénoms dans un contexte qui ne l’est pas tant que cela (le barrage du Gour noir existe vraiment dans le Massif central en France !), l’ensemble n’en demeure pas moins puissant.
Le livre de poche, janvier 2022, 405 pages, prix : 8,20 €, ISBN : 978-2-253-07973-6
Crédit photo couverture : © Studio LGF ©Reyer Boxem / Hollandse Hoogte / plainpicture.