La liste 2 mes envies - Grégoire Delacourt
12 ans après (La liste de mes envies, 2012), Jocelyne Guerbette, la mercière d’Arras gagnante de 18 Millions d’euros au Loto, revient en librairie sous la plume toujours de Grégoire Delacourt.
Alors ça aurait pu être sympa, elle m’avait bien plu la Jocelyne du 1er opus ou plutôt la capacité de Delacourt à disséquer le couple en se mettant dans le quotidien et la peau d’une femme.
Mais là, comment dire… ce n’est plus ni moins qu’une suite commerciale (il faut bien vivre), même pour le titre personne ne s’est foulé, on remplace le de par 2, ni vu ni connu je t’embrouille (à tel point qu’on est obligés d’expliquer à nos lecteurs que c’est bien une suite et pas juste un changement de couverture), 248 pages, marges larges, interligne confortable, notes de bas de page à rallonge et inutiles, c’est formaté pour être vite lu, et ça l’est. D’autant plus vite que c’est léger, creux, vide. Bavard tout simplement.
L’ex-mari de Jocelyne est donc mort, elle a largué son amant de passage, a récupéré ses 15 millions restant du jackpot, et fréquente les réunions des GA, les gagnants anonymes. L’auteur passe le roman à démontrer que l’argent ne fait pas le bonheur, tout en énumérant toutes les choses de luxe (ou pas) qu’on peut s’acheter avec. On s’ennuie vite et j’ai bien failli abandonner (un chapitre par dépense effectuée pour liquider le magot, on a vite compris), le dernier quart se réveille un tant soit peu, mais pour se complaire dans un feel-good dégoulinant, le malheur de l’Alzheimer, réel ou supposé un peu de suspens, le nouvel amour naissant et le « ensemble c’est tout » au fin fond des Ardennes. Tout le monde est content, et le twist final qui fait le job.
Page 64 : « J’ai gagné beaucoup d’argent à l’EuroMillions et comme je ne vais pas me mettre à acheter ce dont je n’ai pas besoin, j’ai décidé de donner. Et ça, dis-je en désignant ses courses et le ticket que lui tend la caissière, ça, c’est une façon de le faire.
- Si c’est vrai, vous allez faire un sacré buzz ! C’est adorable de votre part, madame, vraiment, je vous remercie, mais je peux encore payer mes courses.
- Alors je vous en prie, faites, lâche soudain la caissière impatiente en levant les yeux au ciel. »
Il ne doit pas les faire si souvent ses courses, l’auteur : la caissière ne me donne jamais de ticket avant que j’aie réglé mes achats. Bon maintenant elle n’en donne même plus du tout, mais je veux bien croire que le roman ait été écrit avant. Bref, d’abord tu payes ou t’appelles Jocelyne, et après tu as le ticket. Non mais.
Albin Michel, avril 2024, 248 pages, prix : 19,90 €, ISBN : 978-2-226-49447-4
Crédit photo couverture : photomontage divers créateurs chez Shutterstock / et éd. Albin Michel