Une pièce montée - de Blandine Le Callet
Une pièce montée, c’est le récit d’un mariage bourgeois vu par différents personnages, avec son lot de convenances mais aussi de surprises.
L’auteur invite son lecteur à la cérémonie qui doit unir Vincent et Bérengère, et c’est à travers le prisme déformant (ou non), drôle ou cynique, fatigué ou émouvant des invités ou protagonistes que l’on découvre les travers de chacun, et l’hypocrisie de la journée. Il y a d’abord Pauline, la demoiselle d’honneur, 8 ans, rêveuse mais lucide sur les agissements des adultes. Il y a Bertrand, le prêtre épuisé, stressé, pas loin de péter les plombs (un bon point de vue, inattendu !), puis Madeleine, la grand-mère, Hélène, la belle-sœur qui a tout pour être heureuse, bon mari belle situation trois beaux enfants et pourtant…, Marie la sœur aînée de la mariée, toujours pas casée ça fait désordre, la rebelle de la famille, qui fait son coming out sur la piste de danse, Jean-Philippe, l’oncle qui ne supporte plus sa famille bourgeoise, Vincent, le marié, qui n’a plus l’air de reconnaître sa femme, et Damien, une vague connaissance aux fantasmes curieux (séduire les laides dans les mariages!). Tout cela avant de conclure sur la confidence de Madeleine à sa petite fille Bérengère, la reine du jour : un secret de famille jusqu’alors bien gardé, qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, comme s’il fallait ajouter un dernier cliché un peu larmoyant, car il faut se délivrer avant la mort, et Bérengère a le petit quelque chose en plus pour être la récipiendaire de ce secret. Je partage tout à fait l’avis de Clarabel sur ce livre. Il reste néanmoins un bon roman, divertissant, bien écrit et agréable. Mais pour moi, la qualité des chapitres (de l’analyse des personnages) va en diminuant, et c’est un peu dommage … d’où une fin un peu bateau…
Ce livre me faisait penser à une nouvelle hors commerce d’Anna Gavalda, l’échappée belle, offerte par France Loisirs fin 2001 : trajet en voiture pour se rendre à un mariage, belle-sœur coincée et rabat-joie, fratrie (2 garçons, 2 filles) trentenaire qui se retrouve pour l’occasion, veut garder son âme d’enfant et partage une dernière fois cette complicité radieuse en s’échappant d’un mariage trop guindé, avec tout le talent naturel qu’on connaît à Gavalda pour décrire la vie, les joies simples et les faux-semblants.
Cet extrait : p.111 « Comment en est-elle arrivée là ? Qu’est-ce qu’il faudrait changer ? Elle n’a pas de réponse. Elle ne sait pas. Elle aime encore son mari. Et pourtant, c’est comme si quelque chose était mort, très profondément, dans son cœur, comme s’il n’éveillait plus en elle aucune émotion. Seulement l’attachement à ce qu’ils ont fait et vécu en commun. Une sorte de fidélité à leur mariage, qui n’a pas été malheureux.
Oui, elle aime son mari. Il est intelligent. Il travaille comme un fou, et elle est fière de sa réussite. Il ne s’occupe pas assez des enfants, mais comment le lui reprocher, avec tout le travail qu’il a ? (…) »
p.113 « les enfants, ça ne la retient pas. De toute façon, Alexandre est tellement peu à la maison que ça ne fera pas beaucoup de différence dans leur vie. A la limite, un week-end sur deux rien qu’avec leur père, ils le verraient plus que maintenant. »
Stock, fév. 2006, 319 pages, ISBN 2-234-05851-1, prix 17,50€