Elle s'appelait Sarah - Tatiana de Rosnay
Ce dernier roman de Tatiana de Rosnay est un concentré d’émotions, un roman magnifique malgré toute l’horreur du sujet, bref mon dernier coup de cœur de lecture.
L’histoire commence à Paris en juillet 1942. La petite Sarah, 10 ans, enferme son petit frère dans un placard au moment où la police française vient les chercher, sa mère et elle. Elle a terriblement peur, ne sait pas ce qui se passe, mais ça ne doit pas être bien grave puisque c’est la police française… elle le croit en sécurité et lui promet de revenir très vite. Hélas, comme beaucoup d’autres familles ce 16 juillet 1942, c’est l’enfermement inhumain au Vélodrome d’Hiver, avant le départ vers les camps. En parallèle, il y a l’histoire de Julia Jarmond, américaine qui a épousé un français et vit à Paris de longue date. Elle est journaliste et son chef lui donne un papier à écrire sur le 60ème anniversaire de la Rafle du Vel d’hiv. Bien sûr les deux histoires vont se rejoindre.
Tatiana a l’art de faire monter la tension pour scotcher son lecteur aux pages : impossible de s’arrêter, car on veut savoir la suite ! J’ai presque été tentée de lire les chapitres en alternance pour vite connaître l’issue de l’histoire de Sarah, et puis non, j’ai joué le jeu et suivi la narration choisie par l’auteur, mais j’avoue : elle a joué avec mes nerfs !
C’est un roman courageux, aussi. Sur l’Histoire, bien sûr, car même si ce n’est pas un roman historique, l’auteur revient avec brio sur ces faits noirs de la France. Difficile de rester insensible face à l’horreur décrite, et obligation de féliciter l’auteur pour ce remarquable devoir de mémoire. Un roman courageux aussi sur la crise du couple de Julia, car là non plus, l’auteur n’a pas choisi une fin mielleuse où l’on pourrait croire que tout est bien qui finit bien. Pourtant ce n’est pas un roman triste : j’y ai ressenti de l’espoir, une grande foi en la vie, et coûte que coûte, les personnages vont au bout de ce en quoi ils croient. C’est un beau roman, fort, très fort, et longtemps riche en rebondissements. (chut, je l’ai fini les larmes aux yeux…)
A noter : Tatiana a écrit ce roman dans sa langue maternelle, c’est-à-dire en anglais, alors qu’elle a toujours écrit jusqu’à présent directement en français. J’en ai été très surprise lorsque j’ai découvert la mention de traduction en page de titre. Je ne connais pas la version originale mais la traduction d’Agnès Michaux est parfaite, puisque dans cette langue-là, j’ai aimé le roman ! Tatiana s’en explique sur le blog de Majanissa : voir ici. Pour ma part, aucun des passages qui se voudrait critique sur la réputation des Français ou des Américains ne m’a choquée, j’y adhérais même totalement, ils ne m’ont pas marquée non plus, je me suis beaucoup plus attachée aux émotions du récit, tant sur l’histoire de Sarah que sur celle de Julia.
Un coup de coeur !
France Loisirs (avant-première), août 2006, 443 p. ISBN 2-7441-9420-4
Paraîtra aux éditions Héloïse d’Ormesson au printemps 2007.
Ma note : 5/5