Les ensoleillés - Joël Egloff
Joël Egloff, je l’ai découvert avec l’Etourdissement, prix Inter 2005 que j’avais beaucoup aimé. Je poursuis aujourd’hui avec les Ensoleillés, roman plus ancien, que pour ma part je considère comme un recueil de nouvelles, qui ont toutes pour point commun l’éclipse totale de soleil du 11 août 1999. Ce petit livre, publié en 2000, m’a surprise, étonnée, et… réjouie !
A travers des tranches de vie cyniques, drôles, cocasses, particulières, l’auteur dresse des portraits attachants et intéressants d’enfants, de jeunes, de vieux, de couples, de célibataires, qui tous ce jour-là se sont donné pour but d’aller voir l’éclipse. Certains y arriveront, d’autres non, volontairement ou non. Il y a ce jeune homme un peu bordélique qui ne fait pas sa vaisselle depuis des lustres et qui dans sa liste des tâches du jour, inscrit d’abord : défaire le sapin de Noël (je vous rappelle qu’on est en août, quand même !). D’ailleurs, c’est pour cela que sa copine l’a quitté : elle lui avait donné pour ultimatum « si tu n’as pas défait le sapin à Pâques, je me barre », et elle est partie. Il y a cette assistante qui a donné rendez-vous à ses enfants - un peu jeunes encore pour prendre le métro seuls mais allez, elle a pris le risque - juste quelques minutes avant l’événement mais que son patron retient au bureau au dernier moment, et l’auteur de nous proposer trois fins possibles au contretemps… (excellent !!!) Il y a cette famille en vacances en bord de mer qui passe une semaine pourrie sous la flotte mais le père écrit la carte postale hypocrite parfaite, … et s’engueule avec sa femme. La petite vieille qui ne doit plus sortir de chez elle mais qui brave les bien pensants pour aller voir l’éclipse : trop faible pour lever la tête, elle ne verra que la pénombre à ses pieds. Il y a l’agriculteur qui construit son vaisseau spatial alimenté à la betterave pour échapper à l’Apocalypse en décollant la veille du jour J, etc. etc. etc.
Les nouvelles sont nombreuses, variées, pour certaines très courtes, et toutes ou presque m’ont ravie. Je maintiens le terme de « nouvelle », car il y a chaque fois ces caractéristiques d’entités autonomes et de chutes inattendues. Il y a quelques chose de spécial dans l’écriture d’Egloff, le bon mot à la bonne place, la ciselure parfaite, et si ce quelque chose, ça s’appelait tout simplement le talent ?
Ed. du Rocher, juin 2000, 157 pages, ISBN 2-268-03749-5, prix : 13,57 €
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Ma note : 4,5/5