Zapping
En ce moment, tout me tombe des mains. Si le livre ne m’accroche pas, s’il est un tant soit peu moyen, je ne fais pas d’effort. Trois nouveaux abandons :
Le livre du sel, de Monique Truong, chez Rivages (octobre 2005) : « En 1929, deux femmes formidables - Gertrude Stein et Alice Toklas- quittent les Etats-Unis où la récession bat son plein. Installées à Paris, elles se mettent en quête d'un cuisinier. Binh se présente pour l'emploi. Subtil, délicat, le jeune homme a appris son métier au service du gouverneur à Saigon. Mélancolique, silencieux, il cherche lui aussi un refuge après avoir dû quitter précipitamment son pays. Elégant, plein d'émoi, Le livre du sel croise les lieux et les destins de trois personnages hors du commun. » Abandonné à la page 40 (sur 293). Raconté pour le moment par le cuisinier Binh, le récit mêle les temps de l’histoire, mais surtout, il est écrit dans un français bancal : volonté de respecter le personnage qui maîtrise mal la langue, ou mauvaise traduction de l’américain ? J’ai omis de relever un exemple, mais cela m’a gênée dans ma lecture. De plus on tarde à entrer dans le vif du sujet. Tant pis.
Et mon fils avec moi n’apprendra qu’à pleurer, de Frédéric Roux, chez Grasset (septembre 2005) : comment dénigrer son père, sa mère, sa ville, son école, avec humour ? En tout cas dans un langage coloré, c’est vrai qu’ils ont l’air gratinés dans la famille du narrateur. A tel point qu’on ne sait plus s’il faut en rire ou en pleurer, de tant de médiocrité étalée. Lecture facile. Mais je ne suis pas sûre qu’elle mène bien loin. Les tares des autres ne suffisent pas : arrêté à la page 50 (sur 300).
Dans la main du diable, Anne-Marie Garat, 902 pages chez Actes Sud (avril 2006). Ah, enfin une fresque gigantesque qui vous emporte et que vous ne voulez plus lâcher : euh, hélas non. Le format est plus grand qu’un Actes Sud habituel, les pages sont denses, tiens, on penserait bien aux bienveillantes. Même que c’est tout pareil : aucun lecteur ne nous l’a encore rendu en l’ayant lu. Pour Garat comme pour Littell, critiques dithyrambiques partout. La jeune Gabrielle Demachy, recueillie alors qu’elle était enfant par sa tante hongroise Agota à la mort de ses parents, veut comprendre les circonstances de la mort du fils d’Agota, Endre, qui était aussi son amoureux, décès que l’armée lui annonce avec quelques années de retard : pourquoi ? Je ne le saurai jamais, parce que le récit est si délayé, si descriptif et interminable, que j’y renonce (p. 70 sur 902) : c’est lent, trop lent.
Mais trois livres de suite que j’abandonne, ça vient sans doute de moi aussi. Au suivant…