Autobiographie - Régis Jauffret
Ne vous y trompez pas, Autobiographie est un roman, et j’ai envie de dire, heureusement. Car ce livre ne peut laisser indifférent, tant il soulève d’horreurs dans la personnalité du héros. Le narrateur, dès les premières pages, demande à sa petite amie de se prostituer, afin qu’il puisse profiter de l’argent supplémentaire qu’elle va gagner. Sans scrupules et sans gêne. Dès les premières lignes on vomit ce personnage, qui va enchaîner, démultiplier jusqu’à l’invraisemblable, les coïts (comme il les appelle) en échange d’une hospitalité. Cet homme est un parasite qui ne veut pas travailler, juste jouir, en avilissant ses partenaires à l’extrême. Tout y passe, avec un crescendo dans l’abject. Les jeunes, les vieilles, les enfants, les bébés, parfois je me suis demandée comment un tel livre avait pu être publié, en ces temps de protection de l’enfance à l’encontre de la pédophilie. Alors il faut croire que c’est de la littérature, pour qu’un éditeur assez fou ait choisi de le donner à lire. Sauf qu’elle vous retourne sacrément l’estomac. Le livre est court, une centaine de pages, ce qui m’a permis d’arriver au bout. Avec l’obsession quand même de comprendre où l’auteur voulait en venir. Je n’ai pas la réponse. Dans le dégoût de ses pratiques relatées, le narrateur inclut la sienne : « il veut s’éliminer comme un déchet », mais il aura fallu d’abord supporter 100 pages d’une sexualité irrespectueuse démultipliée à l’infini. Jauffret provoque, Jauffret choque, c’est noir, sordide, vite, quelque chose de plus léger !
Voir le très bon article de Florent Cosandrey sur e-littérature.net
Verticales, mars 2000, 105 pages
Existe en poche (Folio), paru en 2006
Ma note : 3/5